Depuis mon arrivée dans le Copperbelt, je me demande où on peut trouver le fruit de la croissance. Après un voyage plus long que prévu dans le « bush » zambien, je prends mes quartiers dans une « guest house » pourrie à la périphérie de la ville de Ndola. La pauvreté est omniprésente alors que la ville qui constitue le centre économique du pays. Mais j’aurais dû m’y attendre. Des mines et du travail ne riment pas avec une situation hors du commun, dans un pays où le taux de chômage avoisine les 60%. La présence massive d’entreprises chinoises n’est pas là pour améliorer les choses.
Je passe mon premier jour à récupérer de mon dur trajet jusqu’ici. Les seuls signes de l’économie florissante de la région sont le petit centre commercial dans lequel je me rends, les camions qui pourrissent l’atmosphère à côté de mon gîte et les avions flanqués de drapeaux sud-africains qui n’arrêtent pas d’atterrir sur le tarmac avoisinant. Je discute un peu avec les autres personnes présentent à l’hôtel. Mais le moment fort de la journée restera le match inoubliable de « Champions League » entre le Barça et le PSG. Match que j’ai dû regarder sur mon téléphone, car les alentours de mon hôtel durant la nuit ne sont pas très accueillants ni sécurisants.
Le lendemain, je me mets en marche pour la ville, peut être contrera-t-elle mes premières impressions. Le chemin est long, je suis à plus de trois kilomètres du centre-ville. À mi-chemin, j’aperçois un golf qui ne semble ne rien avoir à faire à deux pas d’une banlieue misérable. La saison des pluies a fait déborder le cours d’eau voisin. Je suis accueilli en ville par un grand centre commercial d’une enseigne Sud-africaine. En marchant sur une longue allée rectiligne, je commence à remarquer la proximité qu’a pu avoir ce pays avec les régimes socialistes. Les bâtiments sont grands et carrés, avec quelques étages. Le centre-ville est constitué de deux longues allées parallèles, autour desquelles s’agglutinent de petites maisons. Le gare marque la fin de ces deux artères poussiéreuses. Elle relie la ville aux autres lieux importants de l’industrie minière. J’apprends aussi la ligne de train mythique « TAZARA », qui relie la Zambie (le Copperbelt) à Dar es Salaam, a été presque complétement financée par les régimes socialistes. La guerre froide et la guerre des ressources n’a aucunement épargné l’Afrique et lors de l’indépendance de ces deux pays, la Chine et l’Union soviétique se sont précipités pour lier des liens avec les indépendantistes à tendance socialistes. La Zambie n’avait aucun accès à la mer et cette ligne ferroviaire la relie alors directement à l’océan Indien, en passant par un pays allié politiquement. Les anglais et portugais ayant gardé plus longtemps leurs possessions australes, ces deux acteurs ne sont pas à négliger dans la balance est/ouest.
Je cherche alors le seul musée de la ville, documentant la région du Copperbelt. Juste derrière la Banque Nationale, qui à elle seule permettrait de renommer la ville en « Ndolagrad », je trouve alors mon but. Derrière une petite vitre défraichie, je passe au guichet. La dame se lève ensuite pour m’accompagner à l’entrée et me montrer les salles. Aux vues de cette initiative, je m’attends donc à pénétrer dans un musée bien entretenu. Je me trompe une fois de plus. Deux salles le compose, une sur la culture ancestrale du pays, qui n’est absolument pas précise puisque le pays compte plus de 70 groupes ethniques, l’autre concerne l’activité minière du pays, très mal documentée et surtout relevant des informations particulièrement pointues à côté d’autres insignifiantes. J’ai failli oublier de vous parler de la salle contenant des jouets en fils de fers, qui sert à prouver l’ingéniosité des artistes locaux. Je retiendrai en sortant que le pays est le neuvième plus grand producteur de cuivre du monde, mais aussi l’exportateur d’une myriade de pierres précieuses et d’un peu d’or. J’ai aussi été marqué par le fait que ces matières premières sont achetées à un prix préférentiel par la Chine. Je comprends mieux pourquoi tous les mandats que j’ai pu voir sur les routes où les bâtiments sont donnés à des firmes chinoises. En échange de projets de développement, ils peuvent acheter et même extraire une partie cuivre nécessaire à leurs activités économiques. Cet exemple zambien ne fait que refléter la réalité africaine actuelle.
On sortant, je me ballade encore dans la ville, qui ne se démarque pas vraiment des autres villes africaines, en dehors d’une architecture un peu différentes et d’un grand nombre de bureau d’entreprises. Je suis alors surpris par la pluie, une des plus forte de mon séjour africain. Je me réfugie alors dans un centre commercial et découvre ce que la rue ne montre pas. Ici se rencontre une partie de la classe moyenne et supérieure, ainsi que les nombreux expatriés de la région. Ceux à qui l’économie profite, en somme. C’est quelque chose d’assez nouveau pour moi, qui ne suis pas particulièrement friand des après-midis au centre commercial. Mais ce passage à le mérite de me montrer ce que je m’attendais à voir en plus grande quantité : un niveau de vie plus élevé de par l’activité économique. Dans cette enceinte qui aurait très bien pu se trouver en Europe où en Amérique, je me rends compte que les ressources peuvent aussi profiter à une partie de la population, infime mais existante.
Mais lorsque j’en sors pour aller à mon hôtel, je retombe dans la banlieue détrempée par la pluie, coulante de crasse et de déchets. Ces gens sont ceux des campagnes, qui ne savent pas lire ou écrire. Ceux qui sont venus ici dans l’espoir d’atteindre ce que je viens d’observer, en travaillant dans une mine pour un salaire de misère. La Chine, par exemple, importe ces conditions de travail : revenu à la journée, horaires horriblement longs. Emile Zola ne serait pas en manque de matière ici, si il avait la volonté d’écrire la suite d’un de ces plus important roman. Le géant asiatique exploite les ressources et la main d’œuvre.Alors je vois que même si certains vivent plus que correctement du cuivre, la majorité doit toujours se serrer la ceinture.