Un air de…

Un air de…

Je suis maintenant arrivé à Lilongwe, la petite capitale du Malawi. Mon séjour en Zambie était intéressant, mais plus par les activités qui m’ont été données de faire que par le pays en lui même. Lusaka est une ville vivante et qui se développe de tous les côtés, le pays est intéressant à voir, sans toutefois être transcendant. Le match de foot et les rencontres que j’ai faites resteront les moments forts de ce court séjour.

Je reprends alors ma route à nouveau en direction de l’océan, impossible pour moi de tenir le cap vers le Sud. La côte est africaine est bien trop intéressante et chargée d’histoire pour passer à côté. A mon arrivée dans la petite Lilongwe, je me rends à pied jusqu’à mon hôtel. J’y découvre un lieu où les backpackers se mélangent avec les volontaires de diverses organisations. Le pays est stable et très sûr, mais la pauvreté y est extrême. De plus, ce petit pays connaît une croissance démographique démesurée , ce qui n’est pas sans conséquences. Voilà une des raisons qui motivent les jeunes britanniques à s’engager pour quelques mois ici. Les prix de l’hôtel me pousse à camper, et je me mets alors en tête de trouver rapidement un petit matelas pour épargner mon dos. Une bonne nuit de sommeil est le meilleur remède pour effacer les douzes heures de bus de la journée.

Le jour suivant, je fais une rencontre très inattendue dans l’hôtel. Un gars souriant vient me parler dans le salon commun et on se raconte nos aventures respectives. Lui a acheté une voiture en Afrique du Sud il y a quelques mois et a sillonné toute l’Afrique australe avec sa petite amie avant de rester plusieurs semaines au Malawi. Pour se faire un peu d’argent, il propose des lifts sur quelques tronçons du pays à des touristes cherchant une autre expérience que les minibus blindés. D’ailleurs il va bientôt se rendre où j’avais prévu de me reposer quelques temps, au bord du lac. Il me dit aussi qu’il est maintenant dans une “guest house” meilleure marché que celle où je me trouve. Je décide donc de l’y rejoindre le lendemain.

Mon nouveau gîte à des petits airs de Congo, car il est géré par l’église anglicane et se trouve à deux pas de l’église. Oliver, mon nouvel ami,  m’annonce avoir une journée chargée. Je décidé donc de continuer mon exploration de la capitale. Le centre ville historique à des airs de petites villes de campagne africaine, alors que les capitales ont normalement une identité plus marquée. Mais lorsque les anglais ont colonisé le “Nyasaland”, leur choix de capitale c’était porté sur le sud et la ville de Blantyre. La proximité avec leurs autres possessions rhodésiennes en est sûrement la cause. Je retrouve aussi quelques mosquées dans le centre-ville, qui prouvent que les marchands d’esclaves de la côte ont atteint ces contrées. Le coeur de la ville fourmille continuellement. A nouveau, beaucoup de gens sont venus s’établir ici, la pression démographique des campagnes rendant la vie difficile. Le problème n’a fait que se déplacer dans les centres urbains, et les périphéries sont toujours aussi surchargées.

Lorsque je rentre à mon hôtel, Oliver m’appelle et me dit de me préparer pour son retour, car on l’a invité à un concert de rock le soir même. Intrigué et très impatient je l’attends de pied ferme, car ça fait longtemps que j’attends ça. Déjà un concert et en plus du rock ! J’embarque alors avec lui à l’arrière d’un pick-up et sur le chemin, je fais connaissance avec un rasta qui a visiblement passé son après-midi à se préparer à la soirée. On arrive alors chez “Berthe”, un nom plutôt étonnant pour une salle de concert rock. J’apprendrai plus tard que ce bar est tenu par des expats, mais très apprécié des habitants de la capitale. On est d’abord accueilli par du bon vieux morceau de reggae, avant les premières parties qui s’enchainent. Juste guitare et voix, étonnement accompagnés par une batterie.

Le premier groupe se met alors en place, avec une magnifique Gibson “Flying V” tout droit sortie des années 80, pour mettre l’eau à la bouche. Ma vieille curiosité de ratisser la scène de mes yeux pour voir le matériel refait aussi surface. Le groupe est originaire d’ici et les membres sont clairement rock’n’roll, dans leur dégaine et leur attitude. Ce qui est plutôt étonnant, après avoir vu l’importance de l’influence du rap américain sur le continent. Mais à eux seuls ils prouvent que cette culture n’est pas indétronable ! Ils commencent un premier morceau sympa, sans se démarquer plus que ça d’un groupe de rock très classique. Mais le suivant est inoubliable. Dès le premier accord, toute la foule reconnait le morceau et crie pour encourager le groupe. Mais ils n’en ont pas besoin tellement ils y mettent leurs tripes. Sincèrement, c’est la version de “Smells like teens spirit” la plus grunge et fidèle à son esprit originel qu’il m’a été donnée d’entendre. Le chanteur hurle le refrain, bourrine ses cordes, puis se languit lors des couplets baveux à souhait. Si leur manque de technique était visible sur le premier morceau, il se transforme en un magnifique avantage sur celui-là. Le matériel rudimentaire colle aussi parfaitement à l’ambiance et à l’esprit grunge: aucune pédale, un accordage approximatif et des amplis poussés à fond pour obtenir une saturation des plus sales possible! Et ils sautent, s’égosient devant un public aussi transporté que surpris par ce qui se passe sous leurs yeux. Du grunge, du vrai, au milieu de l’Afrique. Dingue.

Le reste du concert est très bien, mais impossible de recréer ce qui s’est passé sur l’hymne de Nirvana. Le dernier groupe est composé d’expatriés qui enseignent dans l’école internationale de la capitale. Cette fois c’est plus métal, mais aussi plus approximatif. De plus, la “violence” des morceaux ne plait pas au public, qui semble plutôt surpris par ses blancs surexcités. Leurs regards interrogatifs expriment parfaitement leur incompréhension.

Nous ne resteront pas beaucoup plus longtemps, de plus qu’on nous propose un lift jusqu’à l’hôtel. Le départ était prévu pour le lendemain, mais les autres personnes qui devaient se joindre à nous pour le voyage on demandé de retarder le départ d’une journée. Aucun soucis pour nous, de plus que cela nous permet de célébrer la saint Patrick en se rendant au zoo/espace de réhabilitation des animaux de la ville. Au son des mélodies irlandaise qui s’échappent de l’animation pour les enfants venus au zoo, je verrai mon premier lion de ce périple africain. Il est vieux et mal en point. Il me fait penser au morceau écouté le soir précédant, mais je crois que mon esprit me joue des tours.