Galerie Kenya 2 – Sa Majeste Victoria 

Galerie Kenya 2 – Sa Majeste Victoria 

Dernier repas avec toute la bande
Sa Majestueuse Majesté, un oiseau qui fuit l’orage
Une embarcation de pêcheur
Le port de Dunga
Des petits pêcheurs adroits
L’horizon, à l’infini
Un enfant, pensif le regard perdu vers le sud
Une clairière de Kakamega
Dans un petit arbre
La maison des singes

Bonus :

Je sais pas si vous connaissez ça, mais le chocolat vrai suisse est meilleur
Dodo dans le matatu

Voilà la dernière partie de la galerie du Kenya! Navré encore pour les vidéos qui viennent dans l’article précédent mais il m’est impossible de les télécharger pour le moment. 

Je suis très en retard sur les publications mais le reste ne va pas tarder à arriver. 

À bientôt pour les récits de l’Ouganda ! 

Sa Majesté Victoria 

La bande se sépare donc, en partie. Après l’environnement magique de Naivasha, nous nous rendons vers un autre lac dont nous avons beaucoup entendu parlé : le lac Nakuru. Après un dernier repas avec Jack, nous montons dans un matatu de passage. Il suffit de leur faire signe depuis le bord de la route et il s’arrête pour vous embarquer. On change de transport dans la ville de Naivasha et la négociation du prix échauffe beaucoup les esprits. J’arrive quand même à faire baisser le prix de moitié, pour atteindre le prix pratiqué pour les gens du coin. Les deux heures de route qui suivent sont les plus inconfortables de ma vie, durant le trajet nous serons jusqu’à 23 plus un enfant dans un bus prévu pour transporter seize personnes. C’est ainsi que je me retrouve avec un homme à moitié sur mes genoux et la mère du petit qui dort sur mon épaule. Arrivés sur place, nous rejoignons notre hôtel. On prend quelques instants pour profiter du lit et de la connexion wi-fi. Nous n’avons rien prévu ici si ce n’est de se reposer un peu. Nous nous renseignons tout de même sur les activités qu’offre la région, mais tout est hors de prix. On décide donc, autour d’un tilapia succulent, de continuer la route demain jusqu’à Kisumu et les rives du lac Victoria.
L’expérience du matatu nous a convaincu de prendre un « coach », dans une compagnie de bus classique. Le prix n’est pas beaucoup plus élevé, tout en nous permettant d’avoir un siège individuel, inclinable qui plus est ! Arrivé sur place nous trouvons l’auberge dont on nous avait parlé. On partage notre dortoir avec trois jeunes femmes sympathiques qui nous invitent à les accompagner au restaurant pour le repas du soir. 

Le lendemain nous décidons de faire un peu de lessive, pour le plus grand plaisir des employées féminines de l’auberge. On dirait que le spectacle de trois petits blancs qui lavent leurs affaires est un de plus hilarant qui soit. L’après-midi, nous partons pour les rives du lac, que nous n’avons pas encore aperçu. Un tuk-tuk nous emmène dans un petit bar édènique, depuis lequel on peut apercevoir cette mer intérieur qui porte le nom d’une fameuse reine des temps coloniaux. La vue est incroyable, les oiseaux sont magnifiques. Lorsque nous avons terminé nos verres, je propose à mes amis d’aller se promener un peu plus loin sur la presqu’île de Dunga. J’espérais secrètement tomber sur un village de pêcheurs. J’avais presque juste, nous sommes tombés sur un de ces villages touristiques, bien que les touristes ont l’air de préférer le Masaï Mara à ces rives magiques. Nous avons pu visiter un petit marché aux poissons, voir des barques traditionnelles et observer les pêcheurs qui partent retirer les lignes posées le matin même. Un petit groupe d’enfants d’à peu près dix ans pêchaient depuis un petit débarcadère avec une facilité déconcertante. En discutant avec nous, ils continuaient à sortir des poissons de l’eau. Ils ont aussi beaucoup aimé se prêter aux jeux des photos.
Après avoir fait un petit tour dans cet endroit très intéressant, nous avons suivi la rive jusqu’à notre point de départ en passant par les petits villages alentours. La pauvreté est extrême ici, mais les gens ont l’air heureux. Nous avons reçu beaucoup de sourires et de « Musungu ! Hawayou ?! » de la part des enfants. Cette expression est la version africaine du « How are you », des anciens colons. Les rives sont calmes et belles, lèchées par le flux et le reflux de l’immense lac. Elles sont peuplées par des oiseaux étranges, certains énormes, d’autres minuscules. Mais tous sont magnifiques, de par leurs plumages ou leurs chants.

De retour au point de départ, nous assistons à notre premier couché de soleil sur le lac. Le spectacle est splendide et j’ai essayé de vous le rapporter du mieux que je pouvais, voilà un petit extrait. (Je la met au prochain wifi, navré mais la 3G congolaise refuse catégoriquement le chargement..)

Malheureusement nous avons été surpris par un orage qui nous a contraint de retourner à l’auberge. Ce soir, c’est déjà le départ pour Luke, qui veut rejoindre Mombasa. Le train mythique qu’il veut prendre quitte Nairobi le lendemain, il doit donc y retourner cette nuit. Pendant ce temps, Jonas et moi choisissons de préparer une virée dans la forêt de Kakamega.

Le départ est prévu très tôt, et une des filles de l’auberge décide de nous accompagner. On cherche alors un matatu, puis on doit se rendre à l’entrée en piki-piki, les motos-taxis dont le pays grouille. Cet endroit est une des dernières forêts tropicales intactes du Kenya. Il n’y a pas si longtemps, elle s’étendait jusqu’à la rive de l’océan atlantique, sur des milliers de kilomètres. Mais l’homme blanc, et sa soif de domestication et de ressources est passé par là, changeant les mentalités dans son sillage. Un guide nous accompagne pour une petite randonnée, nous montrant les différentes fleurs, les arbres endémiques et toutes les petites particularités de l’endroit. L’atmosphère y est fraiche, on entend les singes jouer et parler au-dessus de nos têtes. Les végétaux sont aussi étonnants, par leurs tailles, leurs couleurs ou leurs particularités propres. On se croirait dans Tarzan. Une fleur retiendra particulièrement notre attention, car elle réserve une surprise à quiconque qui tente de la cueillir. Voilà un exemple au ralenti : (des que je trouve un wifi je vous la charge promis!)
Ou encore un arbre qui, dans le temps, servait de moyen de communication depuis des centaines d’années. Des endroits comme ceux-là, je vais encore en voir beaucoup sur ma route. Je pense notamment au Congo, terre sur laquelle se trouve les derniers gorilles sauvages. Nous sommes à nouveau surpris par un orage, qui peut rendre l’endroit un peu dangereux si le vent se lève. Le guide nous propose alors d’écourter notre balade, qui était déjà quasiment terminée. Une fois revenus à notre point de départ, un militaire en arme nous aide à appeler des motos pour nous ramener à la route principale. Nous arrivons à Kisumu à la tombée de la nuit, épuisés par cette longue journée. On va manger quelque chose avant de tomber de sommeil dans notre dortoir commun.

Au réveil, j’apprends que je dois quitter l’auberge le soir même, car tout a été réservé depuis longtemps. J’avais prévu de rester une nuit de plus et de partir le lendemain pour l’Ouganda. Mais je profite de suivre Jonas dans le bureau de la station de bus pour réserver un transport de nuit qui me déposera à Jinja. Lui est attiré par la côte et part en direction de Mombasa, avant de rejoindre la Tanzanie. J’espérais aussi pouvoir retourner voir le couché de soleil au bord du lac, mais le temps se couvre toujours plus et au final, cela ne sert à rien de tenter l’affaire. Mais je vais suivre ce lac géant durant ces prochaines semaines, j’aurais sûrement l’occasion de voir encore un de ces spectacles éblouissant. Je reste donc dans l’auberge et me prépare à affronter la pluie jusqu’à la station de bus. Etonnamment il est à l’heure, et demain je me réveillerai en Ouganda.

Galerie Kenya 1 – La vallée du grand Rift

Galerie Kenya 1 – La vallée du grand Rift

Le campement des « pêcheurs »
Un petit blaireau
Un voleur de banane qui nous nargue, bien posé
Jack et Jonas
Luke et Jonas, le regard perdu dans le parc
La porte du paradis
L’eau surprenante du sol volcanique
Au pied du volcan endormi
Les pentes de lave ont laissé place à la nature
Au sommet
C’est pas le Kili’ mais c’était assez incroyable

Voilà la première partie de la galerie du Kenya. J’ai pensé que c’était une bonne idée de mettre des images sur le texte précédent, sans attendre la fin des récits du pays. 

J’espère que cela vous plaira. J’ai essayé pour la première fois de travailler un peu les photos, mais je tâtonne un peu. Alors si vous voyez des aberrations ou que vous avez des conseils, vraiment n’hésitez pas à me dire ! 

La vallée du grand rift

Lorsqu’on descend du matatu, la nuit commence à tomber. On aperçoit rapidement un panneau indiquant : Fisherman’s Camp. On marche alors en direction du lac, en passant à côté d’un hôtel trois étoiles. Nous arrivons devant une cabane qui s’avère être la réception. Lorsque qu’on nous indique où l’on peut planter notre tente, nous découvrons comprenons que cet endroit n’a rien à voir avec un réel village de pêcheurs. C’est plutôt un camping. Malgré cela, nous ne sommes vraiment pas déçus : l’endroit est sublime. A quatre mètres de notre petit campement, nous apercevons une famille d’hippopotame broutant en silence. La lune se lève juste derrière eux. Mais pas d’inquiétudes; même si les hippopotames causent de nombreux décès chaque année en Afrique,, nous sommes protégés par une barrière électrifiée.Après ce voyage, mes amis et moi décidons de trouver un endroit où nous pourrions boire une petite « Tusker », la bière endémique kényane. On demande alors aux gardiens du camping, qui nous proposent de les suivre jusqu’au village, qui se situe à deux pas. Ils nous montrent le chemin, et le meilleur bar de la bourgade. En arrivant, nous sommes accueillis par un petit air de Bob Marley. En discutant avec les gens de la région et en fonction de leurs conseils, nous fixons alors notre programme pour ces quelques jours. Demain nous visiterons « Hell’s Gate », un des plus petits parcs du pays. L’attrait principal est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une voiture, nous nous y rendrons à vélo ! Le jour suivant, nous décidons de nous attaquer au mont Longonot, un volcan éteint qui offre une balade réputée pour la beauté de son paysage. Lorsque nos verres sont terminés, nous rentrons au camping pour passer notre première nuit dehors, dans la fraicheur de l’altitude et entourés des bruits intriguants du lac.

Le lendemain matin, je suis réveillé par des insultes en allemand. En sortant ma tête de la tente je vois Jonas au pied d’un arbre, le regard en l’air et les bras ballants. Quelques mètres au-dessus de lui, un petit singe mange fièrement la banane qu’il vient de lui voler. A peine réveillé j’éclate de rire. Lorsque j’observe les alentours, je vois que je suis encerclé par ces petits singes malicieux qui savent que les musungus ne sont pas toujours très alertes au petit matin. Un peu plus loin, un singe très étonnant fouille une poubelle. Il mesure plus d’un mètre et son pelage est noir, sauf son dos qui est pourvu de longs poils blancs. Voilà à quoi ressemble un blaireau du Kenya. C’est donc bien entourés que nous nous préparons. En partant, nous vérifions que nos tentes sont bien fermées, car nous ne sommes pas à l’abri de ces mignons petits voleurs.

Lorsque nous enfourchons nos vélos, la pluie commence à tomber. Mais elle n’est pas assez intense pour nous arrêter. Après quelques kilomètres, nous arrivons à l’entrée du parc. Nous sommes accueillis par le gardien et une cinquantaine de singes occupés à s’épouiller en nous regardant. Les nuages commencent aussi à se dissiper. Le parc est déjà magnifique. Un mur de roche volcanique délimite la partie droite du parc, tandis que la savane s’étend en pente douce sur notre gauche. Nous avons choisi d’emprunter le « Buffalo Trail », qui fait le tour du parc jusqu’à arriver dans la gorge « d’Hell’s Gate », la porte de l’enfer. Après quelques minutes, on aperçoit les premiers animaux de la savane : un troupeau de zèbres, puis une famille de facochères (« Pumba » en swahili) et enfin, un autre troupeau d’antilopes. D’ailleurs, lors de notre première descente, un de mes amis manque de se faire renverser par un zèbre apeuré ! C’est le seul danger du parc. Il ne comporte pas de félins dangereux, ni d’éléphants, c’est pourquoi nous pouvons le visiter à vélo et même à pied. Après deux heures de montées et des mollets en surchauffe, nous arrivons au point de vue dont nous avions entendu parlé. Après une petite collation, on décide de faire la course jusqu’en bas.
Mais arrivé en bas, Luke tarde à arriver. Nous remontons donc pour le chercher, car le chemin était difficile et on commence alors à se faire un peu de soucis. Mais il nous rejoint quelques secondes plus tard en poussant son vélo, son frein avant n’ayant pas résister aux cailloux de la descente. Heureusement, il a réussi à sauter de son vélo sans égratinure. Plus de peur que de mal en somme. Nous réparons son frein et continuons calmement, la pente étant devenue douce. Un peu plus loin, le paysage qui s’offre à nous est radicalement différent de celui que nous avions tant apprécié durant la journée. En face de nous se trouvent une dizaine de stations thermiques, crachant une épaisse fumée blanche. Etonnamment, les autorités ont laissés des entreprises exploiter le sol volcanique dont l’activité est dormante sous nos pieds. 

Juste avant d’arriver au post qui marque l’entrée de la gorge, Jack plante les freins. On s’arrête vers lui, étonnés, avant de remarquer une girafe broutant la cime des arbres à quelques mètres de la route. Elle nous regarde de haut avant de reprendre son activité. Quelques minutes plus tard, on arrive à la gorge qui n’est accessible qu’à pied. Un garde nous accompagne et au moment d’entrer dans la gorge, il fait un saut monumental et nous ordonne de ne plus bouger. Quelques mètres plus loin, un cobra s’introduit exactement où nous comptions nous rendre. Magnifique mais mortel. On fait un petit détour pour prendre une autre entrée.
Si j’avais été l’explorateur britannique qui a découvert ce site, je ne l’aurais pas nommé la porte de l’enfer, mais plutôt du paradis. Même si le petit filet d’eau qui coule ici se transforme en dangereux torrent à chaque pluie, l’endroit est plus qu’accueillant. Au-dessus du petit couloir se trouve une végétation luxuriante qui filtre magnifiquement les rayons du soleil pour donner une lumière très douce. Les murs qui nous entourent sont striés de couleurs vives, car modelés par la lave, l’eau et le soufre. A plusieurs endroits, de petits filets d’eau s’échappent des murs, créant des trainées d’un vert inattendu. L’eau est très chaude, à l’image de l’endroit et de ces couleurs. La sortie de la gorge s’ouvre sur un horizon paradisiaque, dont s’échappe le chant des oiseaux.

Sur le chemin du retour, la fatigue commence à se faire sentir. Luke est à la traine et je commence à me demander si son frein défectueux n’y serait pas pour quelque chose. Après vérification il s’avère que ce frein était trop serré et qu’il était actionné en permanence. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. A la sortie du parc, la chaine de ce même pauvre Luke casse. Mais on se relaye sur le vélo cassé pour avancer.Sur le chemin, on décide d’acheter deux énormes Tilapia (poissons du lac) avec l’intention de les cuire sur le feu du camping. Je m’occupe aussi du traditionnel guacamole. Un souper délicieux et bienvenue après les efforts de la journée.

Le lendemain matin, nous organisons le trajet jusqu’au volcan avec d’autres résidents de l’hôtel. Le couple qui nous accompagne habite actuellement à Londres, mais la femme est d’origine indienne et le mari irlandais. Ils ont organisé un tour du monde, prévu sur une année, avant de fonder une famille. Ils seront d’une compagnie très agréable au cours de la journée. Luke, qui a déjà souffert hier, parait démoralisé. Le cratère est à quarante-cinq minutes de marche, qui s’avèrera être plutôt éprouvante. Mais le spectacle en vaut la peine. Le panorama augmente de portée à chaque pas, et l’idée d’atteindre le point de vue est pour moi la meilleure des motivations. Avant même d’atteindre le but de notre marche, la seule arrivée sur le cratère est déjà époustouflante. Le fond de ce monstre éteint est maintenant recouvert d’une foret jeune et dense. La pente abrupte qui y mène fait plusieurs dizaines de mètres. Deux chemins nous permettent de faire le tour du cratère en approximativement trois heures de marche. Le pic (2780m) sur lequel nous arrivons est incroyable. La vue s’étend sur des dizaines de kilomètres, la vallée du Grand Rift africain parait minuscule. Au loin, on aperçoit le lac Naivasha. Les volcans qui dorment dans la vallée se confondent à la savane verdoyante et caressent les nuages de leurs cimes. Je crois que c’est un des plus beaux endroits où j’ai fait une pause déjeuner.

Le chemin du retour se fait dans le calme, malgré les nombreux touristes présents sur le site. J’arrive tout de même à m’isoler un peu, marcher à mon rythme et à celui de Paul Simon, qui me chante mon hymne « Under African Skies ». Ce moment est très agréable et me permet de faire un peu le point. Je décide alors de reprendre la route le lendemain, en direction de l’Ouganda. 

En bas, je retrouve toute la troupe, qui sirote un Coca ou une Guinness. Oui, Guinness est même un des leaders de la bière en Afrique de l’est. Elle est même produite dans la région, aussi étonnant que cela puisse paraitre. Sur le chemin du retour, je fais part de mon plan à mes amis. Jack lui semble être complétement amoureux de l’endroit et n’est pas du tout pressé par le temps. Il restera d’ailleurs ici quelques semaines. Mais Luke et Jonas sont très intéressés par ma prochaine destination : une nuit à Nakuru, puis départ pour Kisumu et les rives du lac Victoria. Ils seront de la partie. On discute alors une dernière fois tous ensemble, en sirotant une bière au coin du feu, au bord de ce petit lac qui rend l’atmosphère vraiment magique. Une seule chose nous a interrompu : la douce course et le plongeon élégant d’un hippopotame apeuré.
NB: la galerie de cet article est presque prête, elle sera surement en ligne ce soir! 

Simba, Pete’s et Rafiki

Après ma première rencontre avec les deux Peter et une nuit réparatrice, je fais la connaissance de quelques autres pensionnaires de l’auberge. Les premiers sont trois irlandais plutôt sympas, mais pas franchement chaleureux. Ils voyagent en Afrique depuis plusieurs mois, dans un énorme 4×4 suréquipé acheté en Afrique du Sud. Après avoir passé par tous les pays de l’Afrique australe et exploré les trésors de chaque région, ils tentent de vendre leur véhicule avant de s’envoler vers une autre destination qu’ils choisiront en fonction de leurs envies du moment. Au fil de la conversation j’apprends qu’ils ont pas mal d’argent ayant travaillé pour de grosses entreprises pharmaceutiques. En tout cas assez pour accepter de payer soixante francs suisse pour un cocktail, dans un café huppé de Bâle. Ils avaient l’habitude de s’y rendre pour leur travail. A seize heure, Pete se lève enfin, les joues encore rosies par sa cuite de la veille. Il tient alors sa parole et me prend avec lui dans les baraques décrépies attenantes à l’auberge. On y retrouve l’autre Pete à son atelier, ainsi que tous les amis qu’il s’est fait depuis qu’il vit dans cette auberge. Quelques jours avant mon arrivée, il a aidé Suzy, une jeune femme très souriante, à refaire complétement l’intérieur de son petit café. A notre vue, elle nous en sert deux tasses, pour un prix dérisoire. Je rencontre aussi le boss de la ruelle : Simba. Son nom va peut-être vous faire sourire, mais il le porte très bien. Ses yeux sont perçants comme ceux des lions, et sa poigne ferme comme une patte musclée de félin. En fait, Simba veut dire lion en Swahili. Il vit dans un vieux bus rouillé, stationné à quelques pas d’ici. Grace à Peter, Simba considère comme « Rafiki », qui cette fois veut dire mon ami en Kiswahili. Cette amitié est mon plus grand gage de sécurité dans le quartier, plus que la forte présence policière, due à la proximité avec les ambassades russes et chinoises

La bus-maison de Simba, au coeur de la ruelle.

Après avoir fait quelques achats, mon ami anglais et moi nous faisons à manger. Il me propose un guacamole, qui constituera notre aliment de base ici. Il ne s’est pas passé un jour, jusqu’au départ de Pete’, sans guacamole. La soirée est à nouveau très agréable. Notre ami kényan a invité quelques proches et le feu nous réchauffe, l’air étant étonnamment frais. D’ailleurs il a plu aujourd’hui et je n’ai pas pu m’empêcher de sourire et d’aller me mouiller un peu, pour la première fois depuis deux mois. Les conversations sont vives et très enrichissantes. Les amis de Pete’ nous décrivent le quotidien des habitants précaires d’une des plus grandes villes d’Afrique de l’est. Ils ont tous des petits boulots, qui leurs permettent plus de survivre que de vivre. Ils comptent beaucoup les uns sur les autres. Si l’argent, la nourriture vient à manquer, ils n’hésitent pas à se soutenir, et parfois même entre famille également. « Same same, Share share ». Ils trouvent aussi quelques échappatoires pour oublier les difficultés de la vie. L’alcool, qui n’a pas été présent durant la première partie de ce voyage, refait irruption. Les mauvais alcools sont très bon marché ici, et parfois il leur arrive de craquer. Mais comme dans tous les moments difficiles, la communauté dans son ensemble se mobilise pour les soutenir et prévenir tout abus. Avec moi, ils sont aussi très serviables et aidants. Si je cherche quelque chose, ou que je dois me déplacer, certains n’hésitent pas à « m’escorter », me diriger. J’avais un mauvais apriori concernant le fait de demander de l’aide, en échange d’un peu d’argent. Mais faire cette expérience m’a montré que, dans ce cas de figure, tout le monde est gagnant. La confiance en est même parfois renforcée. Chacun à quelque chose de nécessaire pour l’autre, alors pourquoi ne pas partager ?

Durant la semaine, je deviens assez proche de Peter, le docteur des chaussures, qui ne se sépare jamais de son chapeau. Chaque jour, je vais lui dire bonjour et le soir, il vient immanquablement passer la soirée à l’hôtel. C’est aussi un grand fan de reggae. Comment ne pas s’entendre ? Suzy, chez qui je vais boire tous mes cafés, me fait visiter plus en profondeur la ruelle et me présente, m’introduis en quelques sortes, dans les shops et les restaurants alentours. Elle plaide pour moi lorsqu’on me demande un prix supérieur à cause de la couleur de ma peau. Mais toutes ces rencontres n’auraient pas été possibles sans Peter. A nouveau je suis arrivé ici au bon moment, porté par une chance merveilleuse.

En parallèle de ma vie hors de l’auberge, il y a aussi celle à l’intérieur de l’enceinte. Ici je rencontre des occidentaux de passage. Malheureusement les échanges sont souvent aussi courts que les séjours. Généralement, les quelques mots que l’on s’adresse se limitent à la définition de nos itinéraires respectifs. C’est la plupart du temps l’essentiel des interactions. C’est souvent autour d’une bière, lorsque l’on se retrouve sur la terrasse, que nos conversations deviennent réellement intéressantes. Un soir, un anglais assez extravagant et particulièrement écarlate, Jack, se joint à nous et nous partage sa bonne humeur, ainsi que ces récits du nord du Kenya. Le lendemain, ce sont Jonas, un Allemand de la Ruhr, et Luke, un Australien, qui arrivent et apporte un peu de changement dans la dynamique des soirées autour du feu. Puis Peter doit partir, son travail l’emmène à Arusha en Tanzanie, où il doit aller marchander un contrat avec une société minière. On s’échange nos contacts et il me fait promettre de l’appeler lorsque je passerai par la Tanzanie, avec un peu de chance, il y sera encore. Le soir même, on passe une très bonne soirée avec les nouveaux habitants de l’auberge et au fur et à mesure de la conversation, un projet prend forme. Jack, nous parle d’un petit lac, pas très loin d’ici, en plein cœur de la vallée du Rift. Il nous le décrit comme un petit paradis, entouré de volcans et de parcs. Il évoque aussi un petit village de pêcheur où nous pourrions camper. Il s’avère que Jonas, comme Jack, voyage avec une tente. Alors on décide de se mettre en route les quatre dès le lendemain. Alors que la soirée bat son plein, le plan est posé. J’ai trouvé à Nairobi tout ce que je pouvais espérer, des rencontres très enrichissantes qui m’ont appris à mieux me débrouiller dans un environnement urbain qui peut être très impressionnant et parfois un peu effrayant. J’ai pu me reposer, reprendre des forces, avant de fixer mes plans pour la suite.

Le lendemain, l’équipe ne se presse pas pour se préparer. On quitte l’auberge pour passer une dernière fois dans Nairobi, entre les bâtiments coloniaux et les tours. Nous trouvons finalement notre Matatu, d’où nous achetons quelques bananes par les fenêtres. Le bus démarre, bringuebalant, pour nous amener à notre prochaine destination : Naivasha.

Same same, Share share

Lorsque je me réveille, le dortoir est absolument vide. Tous les occupants, que j’ai essayé de ne pas réveiller hier soir, sont partis définitivement. Après avoir mangé quelques bananes, je me mets en route pour la ville. On me l’a décrite comme un repère de pickpockets, je me muni donc du strict minimum ; Un peu d’argent obtenu le soir précédent à l’aéroport, mon passeport et mon téléphone, qui me sert d’appareil photo. D’ailleurs, une de mes missions principales est de trouver une carte SIM. Je demande au gardien de l’hôtel quel chemin je dois emprunter pour me rendre au centre-ville. Il m’explique brièvement quelle route suivre, tout en m’assurant qu’il est impossible de se perdre. La rue est plutôt calme et la plupart des gens ici semble sortir ou se rendre dans un des nombreuses églises alentours.

Sur le chemin, un homme m’aborde et nous commençons à discuter. Il est plutôt petit, très maigre et doit avoir environ cinquante ans. Il se nomme Martin et parle très bien anglais. Il m’explique qu’il est professeur, mais je ne saisis pas vraiment à quel niveau il enseigne. Il m’inspire plutôt confiance si bien que j’accepte de la suivre jusqu’au campus de l’université de la ville. Une fois arrivés, nous discutons une petite heure en regardant un match de foot entre étudiant. Il est très intéressé et impressionné par le fonctionnement du système politique suisse, un sujet dont on a longuement parlé. Ici, les élections approchent, avec toutes les magouilles qui les accompagnent. L’actuel président est le fils de celui qui est considéré comme le père de la nation kényane. D’ailleurs, son nom est plutôt évocateur, cette famille se nomme Kenyatta. Lorsque j’essaye de savoir si c’est un « bon » président, Martin commence à m’expliquer l’organisation politique du pays. Ici on parle peu de parti ou de programme. En effet, c’est en fonction de la tribu d’origine du candidat que les votes se décident. On dénombre environ septante tribus différentes sur le territoire kényan, dans lesquelles sont répartis les 41 millions d’habitants. La plus connue à l’international est bien sûr la tribu des Masaïs et leurs légendes magnifiques. Mais d’après ce que l’on m’explique, l’ethnie la plus puissante actuellement, en termes de postes clé occupés au sein de l’administration et du gouvernement, est la tribu des Kikuyu, tribu d’origine du président. On m’assure aussi que selon l’origine des représentants politiques, certaines régions donc tribues, seront favorisées. C’est pourquoi les opposants au régime tentent de gagner, stratégiquement, les voix des habitants de ces régions oubliées. A côté de cette composante tribale, un autre élément revêt une place importante lors de la campagne ; promettre de lutter contre la corruption. C’est actuellement un des plus gros problèmes au sein du pays, qui n’échappe pas la situation générale du continent. C’est d’ailleurs ce pour quoi Kenyatta prétend oeuvrer, sans qu’il soit possible de le vérifier concrètement. Tout est-il qu’il a créé le Ministère d’Ethique et d’Intégrité, il se trouve d’ailleurs à deux pas de mon auberge.

Après ce petit cours de politique appliqué, Martin me propose d’aller faire un tour dans un marché en périphérie de la ville. Il veut me montrer le vrai quotidien des gens, introuvables au centre-ville. Je découvre alors le matatu. C’est un minibus qui, en plus de transporter des passagers sur des distances variables, s’arrête à l’endroit demandé par les usagers. Le tout pour une somme dérisoire. A noter aussi que le nombre de siège ne donne aucune indication sur le nombre de passagers pouvant s’entasser dans le véhicule. Ce matatu nous dépose alors à Kagema, à une vingtaine de minutes du centre-ville. A peine sorti du matatu, je ne peux pas m’empêcher de sourire. L’environnement est si proche de mes souvenirs du Burundi. La terre battue, les baraques en taules et en bois, la musique entrainante à chaque coin de rue et surtout l’anarchie organisée qui règne en maitre me replongent dans mes premières expériences d’Afrique.

Kagema

Après quelques pas, j’entends que l’on m’interpelle par un sobriquet familier Musungu, Musungu ! Ca faisait si longtemps. Même si ce nom, qui désigne les blancs en Swahili, va vite devenir pesant. Je ne peux pas m’empêcher de sourire. On se balade alors quelques minutes. Nous achetons quelques fruits magnifiques, avant de retourner vers le centre-ville. Dans le matatu, Martin m’apprend quelques mots de Swahili qui pourraient m’être utiles durant mon voyage. A notre arrivée en ville, il commence alors à me parler de ses problèmes d’argent. Je me disais bien que cette journée avait été un peu trop idyllique. Il m’aide toutefois à trouver une carte SIM et me raccompagne en direction de mon hôtel. Avant de se quitter, j’enregistre son numéro, même si je doute que je le recontacterai un jour. Je ne me sens plus réellement en confiance avec lui. Il me demande un petit billet pour payer le transport du retour. Je le lui donne. J’ai passé de bons moments avec lui.

J’arrive à l’auberge au crépuscule et me mets au travail. J’avance un peu le blog, mais la fatigue prend rapidement le dessus. Je décide de rester quand même quelques minutes sur une table de la terrasse, afin de manger un petit quelque chose. Deux hommes entrent alors par la porte et s’installent derrière moi. Le blanc, qui parle fort avec un énorme accent anglais sort alors une petite sono et commence à mettre quelques reprises de morceaux culte de la musique anglo-saxonne, mais en version reggae. Et ce qui devait arriver arriva. Jaba et les Moonraisers entament leur magnifique reprise d’Hotel California et j’éclate de rire. Je leur explique alors que le groupe est originaires de la même ville suisse que moi si bien qu’ils m’invitent à les rejoindre. Ils s’appellent tous deux Peter, l’un est kenyan et l’autre anglais. Ils seront les piliers de mon séjour ici. Chacun vient d’un milieu complétement différent. L’anglais m’explique durant la soirée, en vidant une bouteille de whisky, qu’après avoir été viré des services de renseignements britanniques, il a décidé de prendre quelques distances avec son pays d’origine. Il a alors accepté un mandat d’une société de sécurité et de renseignement privée anglaise en Afrique. Il vient de passer trois mois au Cap et maintenant il est entre le Kenya et la Tanzanie. Il m’explique aussi qu’il est tombé amoureux de l’Afrique et de ses habitants, des gens simples qui se battent pour vivre. Il m’assure aussi qu’il peut se faire beaucoup d’argent grâce aux contrats obtenus ici, mais qu’il a pour objectif de l’utiliser pour fonder une association pour aider les plus pauvres. Sa devise, que tout le quartier ici connait, est très simple ; « Same same, share share ».

Pour engager la conversation avec l’autre Peter de la table, je lui demande simplement ce qu’il est en train de mâcher. Car depuis qu’il est ici, il n’arrête pas de piocher dans un petit sac plastique et de mastiquer longuement de fines feuilles charnues. Il m’explique que c’est du « khat », la drogue du peuple ici. J’ai déjà vaguement entendu parlé de cet excitant originaire d’Abyssinie. Il m’explique que ça aide juste à être plus éveillé et le compare au café. La conversation lancée, j’apprends qu’il est « docteur pour les chaussures », selon ces propres mots. Son atelier se trouve à deux pas de mon hôtel et il me propose de passer le voir le lendemain avec Peter, ce que j’accepte avec grand plaisir. Nous passons alors la soirée à refaire le monde et à se raconter nos vies, même si l’énorme accent anglais de Pete’ rend parfois la communication un peu difficile. Au fur et à mesure de la conversation, je vois leurs yeux se rougir à cause de l’alcool et des autres substances qu’ils partagent. Au grand étonnement de mes compagnons, je me contente de boire ma bouteille d’eau en fumant quelques cigarettes. Un peu plus tard, Pete’ nous montre aussi ces talents de « freestyler » et nous fait une magnifique impro’ de rap. Malgré le moment très agréable que je passe avec eux, la fatigue me rattrape. Je les quitte sur le refrain qui va être l’hymne de mon séjour à Nairobi : « Same same, Share share ».

A demain les gars !

Les retards ont aussi du bon

Voilà, mon séjour à Khartoum est déjà terminé. J’ai sincèrement l’impression que tout est allé très vite et que mon séjour ici était trop court. Mais je me suis promis de revenir, et de ne pas me limiter qu’à la capitale la prochaine fois. Avec l’aide d’Alexandra, j’ai réservé un vol pour Nairobi il y a quelques jours. Sans aide extérieur, il m’aurait été impossible de quitter le pays, ma carte de crédit n’était pas acceptée sur le domaine internet ainsi que sur le territoire du Soudan. J’ai aussi fait attention à prendre un vol me permettant d’arriver tôt dans la journée à Nairobi, histoire de ne pas me perdre dans cette jungle urbaine.

Le matin du départ, je n’ai qu’à préparer mon sac, puis à aller dire au revoir à Thabi qui dort encore. Je croise aussi mes amis entraineurs de volley venus suivre une formation ici au Soudan. Le soir d’avant, j’ai passé pas mal de temps à discuter avec l’un d’eux. Il s’appelle Junior et est originaire du Cameroun. Il maitrise très bien le français, ce qui était très agréable pour moi. Avant de les quitter je nous remémore son visage lorsque je lui ai appris que la bière était illégale ici. On rigole une dernière fois et on se promet de se revoir un jour à Yaoundé, ou en Suisse. Etant le statisticien de l’équipe de volley féminine camerounaise, peut-être sera t’il amené un jour à visiter la Suisse ! Quoi qu’il en soit, nous resterons en contact.

Je prends alors mon sac et me dirige à pied vers l’aéroport, qui est à deux pas de mon auberge. A nouveau, la plupart des accès sont bloqués par des dispositifs de sécurité. Mais je trouve relativement facilement ma route. Je montre mon billet à l’entrée et passe le premier contrôle. J’essaye alors de changer le reste de mes livres soudanaises, mais le discours est malheureusement le même que celui entendu à Assouan. La seule monnaie disponible est celle que j’essaye de changer. Je laisse vite tomber, c’est peine perdue. Heureusement que j’ai prévu beaucoup d’avance, car lorsque je me présente à l’enregistrement des bagages, le guichetier m’annonce que j’ai une semaine d’avance. Et oui, lors de l’achat du billet, on s’est planté d’une semaine. Le guichetier me rassure : j’ai suffisamment de temps pour aller changer de billet avant que le vol du matin pour Nairobi ne décolle. Mais il faut déjà trouver le guichet en question, et avec quatorze kilos sur le dos, se dépêcher n’est pas la chose la plus facile. J’atteins finalement le bon bureau pour y trouver un jeune homme nonchalant à souhait. Mais à ma demande, il va chercher son supérieur, qui lui changera mon billet en moins de dix minutes, moyennant le paiement d’un petit supplément. Moi qui cherchais à me débarrasser de quelques livres, j’y suis en partie arrivé. Je retourne alors à l’entrée de la zone de départ et me rends tranquillement jusqu’au hall d’attente.

Je sympathise alors avec un guide touristique canadien établi en Ethiopie et une américaine ayant travaillé aux Nations-Unies. Pendant la conversation, les passagers de tous les vols de la matinée sont appelés, mais pas de nouvelles nous concernant. C’est alors qu’entre en scène mon ami du bureau. Il vient vers nous la mine tendue et nous annonce que le vol aura au minimum trois heures de retard, à cause d’un problème technique. Parfait, on est tous sûrs de rater notre correspondance, mais au moins on est une bonne équipe ! On m’assure que j’aurais une place dans le vol du soir, mais mon ami guide lui est dans une mauvaise posture. Lui et son groupe de vingt personnes devaient se rendre à Djibouti, qui n’est desservi que par un seul vol par jour depuis Addis. Ils devront passer la nuit dans la capitale et perdre une journée sur leur planning. L’avion aura quatre heures trente de retard finalement.

On arrive à Addis de nuit. Les derniers rayons de soleil nous ont permis d’observer depuis le ciel le lac Tana, la source du Nil bleu. Les lumières de la capitale sont hypnotisantes et ma seule envie lorsque je suis dans l’aéroport est de sortir et de rester quelques temps ici. Mais ce sera pour une prochaine fois. A noter aussi qu’à la sortie de l’avion, j’ai vraiment eu froid. C’est une sensation que j’avais presque oubliée mais qui est vraiment agréable après la fournaise du désert. Je me mets alors en quête d’un billet pour le prochain vol en partance pour le Kenya. Un des employés m’indique la mauvaise direction et à mon retour, je me retrouve dernier de la file. J’attends ici quarante-cinq minutes avant d’être pris en charge, mais ma patience est récompensée car j’obtiens la dernière place du vol. Un autre européen avec qui j’ai échangé deux mots quelques minutes plus tôt me demande si je vais à Nairobi. Il m’invite alors à boire une bière avec lui une fois mon attente terminée. Je le retrouve alors, mais je suis épuisé. Je me dis qu’il sera difficile d’enchainer maintenant une conversation en anglais avec un natif. Mais il s’avère qu’il parle français à la perfection, sa mère venant de Chambéry. Lui a grandi en Irlande et est maintenant basé à Nairobi. Il bosse pour MSF et était en mission de trois semaines au Darfour. La conversation est très intéressante et son expérience de l’Afrique vraiment bienvenue. Il me donne des conseils très précieux sur Nairobi et le Kenya. La bière que nous dégustons semble être une libération pour lui, en ayant été privé pendant tout son séjour. Il me fait alors penser à mon ami Camerounais. Il m’offre toutes les consommations de la soirée, sous prétexte « qu’il sait ce que c’est d’être étudiant », le tout suivi d’un petit clin d’œil.

Le vol jusqu’à ma prochaine destination se déroule sans encombre. A mon arrivée, j’obtiens facilement le visa que je convoitais deux semaines plus tôt à l’ambassade des dormeurs. Il me permettra de me déplacer librement pendant 90 jours, au Kenya, mais aussi en Ouganda et au Rwanda. Si tout semblait compliqué ce matin, tout roule le soir même. Lorsque nous attendons nos bagages, Philippe me propose de se partager le prix du taxi. En effet, mon auberge est sur la route de son appartement. Moi qui voulait arriver de jour pour me faciliter les choses, cette arrivée de nuit est bien plus agréable que ce que j’aurais pu connaitre de jour mais en me débrouillant seul. Mon ami négocie le prix du taxi, me donne quelques derniers conseils concernant la ville sur le chemin de l’auberge et me tend sa carte de visite, que je puisse le contacter en cas de coup dur. Une fois de plus, je ne sais pas d’où tombe toute cette chance.

J’arrive à deux heures du matin au gite dans lequel j’ai prévu de rester quelques jours et sympathise rapidement avec le gardien de nuit. Lorsque je découvre un lit douillet et une chaleur supportable dans la chambre, c’est la libération. Je pourrai dormir pour la première fois depuis le début de mon voyage avec une couverture qui ne sera pas inutile. Avant de sombrer dans les bras de Morphée, je me demande encore d’où peut provenir toute cette chance ? Est-ce juste un hasard ? Où la magie de l’Afrique ? Où peut-être celle du voyage ? Je n’en sais absolument rien et je me le demande encore maintenant alors que j’écris ce texte. Mais vraiment, que c’est bon ce genre d’aventure !