La bande se sépare donc, en partie. Après l’environnement magique de Naivasha, nous nous rendons vers un autre lac dont nous avons beaucoup entendu parlé : le lac Nakuru. Après un dernier repas avec Jack, nous montons dans un matatu de passage. Il suffit de leur faire signe depuis le bord de la route et il s’arrête pour vous embarquer. On change de transport dans la ville de Naivasha et la négociation du prix échauffe beaucoup les esprits. J’arrive quand même à faire baisser le prix de moitié, pour atteindre le prix pratiqué pour les gens du coin. Les deux heures de route qui suivent sont les plus inconfortables de ma vie, durant le trajet nous serons jusqu’à 23 plus un enfant dans un bus prévu pour transporter seize personnes. C’est ainsi que je me retrouve avec un homme à moitié sur mes genoux et la mère du petit qui dort sur mon épaule. Arrivés sur place, nous rejoignons notre hôtel. On prend quelques instants pour profiter du lit et de la connexion wi-fi. Nous n’avons rien prévu ici si ce n’est de se reposer un peu. Nous nous renseignons tout de même sur les activités qu’offre la région, mais tout est hors de prix. On décide donc, autour d’un tilapia succulent, de continuer la route demain jusqu’à Kisumu et les rives du lac Victoria.
L’expérience du matatu nous a convaincu de prendre un « coach », dans une compagnie de bus classique. Le prix n’est pas beaucoup plus élevé, tout en nous permettant d’avoir un siège individuel, inclinable qui plus est ! Arrivé sur place nous trouvons l’auberge dont on nous avait parlé. On partage notre dortoir avec trois jeunes femmes sympathiques qui nous invitent à les accompagner au restaurant pour le repas du soir.
Le lendemain nous décidons de faire un peu de lessive, pour le plus grand plaisir des employées féminines de l’auberge. On dirait que le spectacle de trois petits blancs qui lavent leurs affaires est un de plus hilarant qui soit. L’après-midi, nous partons pour les rives du lac, que nous n’avons pas encore aperçu. Un tuk-tuk nous emmène dans un petit bar édènique, depuis lequel on peut apercevoir cette mer intérieur qui porte le nom d’une fameuse reine des temps coloniaux. La vue est incroyable, les oiseaux sont magnifiques. Lorsque nous avons terminé nos verres, je propose à mes amis d’aller se promener un peu plus loin sur la presqu’île de Dunga. J’espérais secrètement tomber sur un village de pêcheurs. J’avais presque juste, nous sommes tombés sur un de ces villages touristiques, bien que les touristes ont l’air de préférer le Masaï Mara à ces rives magiques. Nous avons pu visiter un petit marché aux poissons, voir des barques traditionnelles et observer les pêcheurs qui partent retirer les lignes posées le matin même. Un petit groupe d’enfants d’à peu près dix ans pêchaient depuis un petit débarcadère avec une facilité déconcertante. En discutant avec nous, ils continuaient à sortir des poissons de l’eau. Ils ont aussi beaucoup aimé se prêter aux jeux des photos.
Après avoir fait un petit tour dans cet endroit très intéressant, nous avons suivi la rive jusqu’à notre point de départ en passant par les petits villages alentours. La pauvreté est extrême ici, mais les gens ont l’air heureux. Nous avons reçu beaucoup de sourires et de « Musungu ! Hawayou ?! » de la part des enfants. Cette expression est la version africaine du « How are you », des anciens colons. Les rives sont calmes et belles, lèchées par le flux et le reflux de l’immense lac. Elles sont peuplées par des oiseaux étranges, certains énormes, d’autres minuscules. Mais tous sont magnifiques, de par leurs plumages ou leurs chants.
De retour au point de départ, nous assistons à notre premier couché de soleil sur le lac. Le spectacle est splendide et j’ai essayé de vous le rapporter du mieux que je pouvais, voilà un petit extrait. (Je la met au prochain wifi, navré mais la 3G congolaise refuse catégoriquement le chargement..)
Malheureusement nous avons été surpris par un orage qui nous a contraint de retourner à l’auberge. Ce soir, c’est déjà le départ pour Luke, qui veut rejoindre Mombasa. Le train mythique qu’il veut prendre quitte Nairobi le lendemain, il doit donc y retourner cette nuit. Pendant ce temps, Jonas et moi choisissons de préparer une virée dans la forêt de Kakamega.
Le départ est prévu très tôt, et une des filles de l’auberge décide de nous accompagner. On cherche alors un matatu, puis on doit se rendre à l’entrée en piki-piki, les motos-taxis dont le pays grouille. Cet endroit est une des dernières forêts tropicales intactes du Kenya. Il n’y a pas si longtemps, elle s’étendait jusqu’à la rive de l’océan atlantique, sur des milliers de kilomètres. Mais l’homme blanc, et sa soif de domestication et de ressources est passé par là, changeant les mentalités dans son sillage. Un guide nous accompagne pour une petite randonnée, nous montrant les différentes fleurs, les arbres endémiques et toutes les petites particularités de l’endroit. L’atmosphère y est fraiche, on entend les singes jouer et parler au-dessus de nos têtes. Les végétaux sont aussi étonnants, par leurs tailles, leurs couleurs ou leurs particularités propres. On se croirait dans Tarzan. Une fleur retiendra particulièrement notre attention, car elle réserve une surprise à quiconque qui tente de la cueillir. Voilà un exemple au ralenti : (des que je trouve un wifi je vous la charge promis!)
Ou encore un arbre qui, dans le temps, servait de moyen de communication depuis des centaines d’années. Des endroits comme ceux-là, je vais encore en voir beaucoup sur ma route. Je pense notamment au Congo, terre sur laquelle se trouve les derniers gorilles sauvages. Nous sommes à nouveau surpris par un orage, qui peut rendre l’endroit un peu dangereux si le vent se lève. Le guide nous propose alors d’écourter notre balade, qui était déjà quasiment terminée. Une fois revenus à notre point de départ, un militaire en arme nous aide à appeler des motos pour nous ramener à la route principale. Nous arrivons à Kisumu à la tombée de la nuit, épuisés par cette longue journée. On va manger quelque chose avant de tomber de sommeil dans notre dortoir commun.
Au réveil, j’apprends que je dois quitter l’auberge le soir même, car tout a été réservé depuis longtemps. J’avais prévu de rester une nuit de plus et de partir le lendemain pour l’Ouganda. Mais je profite de suivre Jonas dans le bureau de la station de bus pour réserver un transport de nuit qui me déposera à Jinja. Lui est attiré par la côte et part en direction de Mombasa, avant de rejoindre la Tanzanie. J’espérais aussi pouvoir retourner voir le couché de soleil au bord du lac, mais le temps se couvre toujours plus et au final, cela ne sert à rien de tenter l’affaire. Mais je vais suivre ce lac géant durant ces prochaines semaines, j’aurais sûrement l’occasion de voir encore un de ces spectacles éblouissant. Je reste donc dans l’auberge et me prépare à affronter la pluie jusqu’à la station de bus. Etonnamment il est à l’heure, et demain je me réveillerai en Ouganda.
Bravo Thibaud pour ces articles… Bonne suite de voyage. On t’embrasse.
Olivier et Christine
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