Petit point 2 !

Pour commencer, mille excuses. Plusieurs d’entre vous savent déjà que le voyage s’est terminé et que je suis de retour depuis quelques temps. Comme vous avez déjà pu l’expérimenter, je n’ai pas réussi à toujours tenir ce blog à jour et je m’excuse de cet énorme retard. Sachez que je compte bien terminer mon récit et je suis convaincu que j’arriverai à trouver du temps malgré le rythme effréné de l’occident.

D’ailleurs, à mon retour, j’ai été contacté par Canal Alpha, la télévision régionale neuchâteloise, qui semblait intéressée par le voyage. C’était un vrai plaisir de partager un peu avec eux et de tourner quelques images dans le salon de notre maison. Même si la caméra est impressionnante, j’ai pris énormément de plaisir à échanger sur ce que j’ai pu découvrir durant cette année.

Voilà le lien qui mène au reportage:

http://www.canalalpha.ch/actu/thibaud-oberli-traverse-lafrique-en-transports-publics/

La suite arrivera le plus vite possible, car je dois encore vous parler de cinq pays et de beaucoup d’expériences aussi fortes qu’inoubliables !

Galerie Zambie 

Dernière rencontre avec le géant
Bob Marley est partout, même dans le petit village de Mpulungu
De magnifiques chutes près de Kasama
Un grand stock d’eau, pour la station électrique à proximité
« National Heroes Stadium » flambant neuf

Et plein à craquer !
Une fin de journée à Lusaka

Un air de…

Un air de…

Je suis maintenant arrivé à Lilongwe, la petite capitale du Malawi. Mon séjour en Zambie était intéressant, mais plus par les activités qui m’ont été données de faire que par le pays en lui même. Lusaka est une ville vivante et qui se développe de tous les côtés, le pays est intéressant à voir, sans toutefois être transcendant. Le match de foot et les rencontres que j’ai faites resteront les moments forts de ce court séjour.

Je reprends alors ma route à nouveau en direction de l’océan, impossible pour moi de tenir le cap vers le Sud. La côte est africaine est bien trop intéressante et chargée d’histoire pour passer à côté. A mon arrivée dans la petite Lilongwe, je me rends à pied jusqu’à mon hôtel. J’y découvre un lieu où les backpackers se mélangent avec les volontaires de diverses organisations. Le pays est stable et très sûr, mais la pauvreté y est extrême. De plus, ce petit pays connaît une croissance démographique démesurée , ce qui n’est pas sans conséquences. Voilà une des raisons qui motivent les jeunes britanniques à s’engager pour quelques mois ici. Les prix de l’hôtel me pousse à camper, et je me mets alors en tête de trouver rapidement un petit matelas pour épargner mon dos. Une bonne nuit de sommeil est le meilleur remède pour effacer les douzes heures de bus de la journée.

Le jour suivant, je fais une rencontre très inattendue dans l’hôtel. Un gars souriant vient me parler dans le salon commun et on se raconte nos aventures respectives. Lui a acheté une voiture en Afrique du Sud il y a quelques mois et a sillonné toute l’Afrique australe avec sa petite amie avant de rester plusieurs semaines au Malawi. Pour se faire un peu d’argent, il propose des lifts sur quelques tronçons du pays à des touristes cherchant une autre expérience que les minibus blindés. D’ailleurs il va bientôt se rendre où j’avais prévu de me reposer quelques temps, au bord du lac. Il me dit aussi qu’il est maintenant dans une “guest house” meilleure marché que celle où je me trouve. Je décide donc de l’y rejoindre le lendemain.

Mon nouveau gîte à des petits airs de Congo, car il est géré par l’église anglicane et se trouve à deux pas de l’église. Oliver, mon nouvel ami,  m’annonce avoir une journée chargée. Je décidé donc de continuer mon exploration de la capitale. Le centre ville historique à des airs de petites villes de campagne africaine, alors que les capitales ont normalement une identité plus marquée. Mais lorsque les anglais ont colonisé le “Nyasaland”, leur choix de capitale c’était porté sur le sud et la ville de Blantyre. La proximité avec leurs autres possessions rhodésiennes en est sûrement la cause. Je retrouve aussi quelques mosquées dans le centre-ville, qui prouvent que les marchands d’esclaves de la côte ont atteint ces contrées. Le coeur de la ville fourmille continuellement. A nouveau, beaucoup de gens sont venus s’établir ici, la pression démographique des campagnes rendant la vie difficile. Le problème n’a fait que se déplacer dans les centres urbains, et les périphéries sont toujours aussi surchargées.

Lorsque je rentre à mon hôtel, Oliver m’appelle et me dit de me préparer pour son retour, car on l’a invité à un concert de rock le soir même. Intrigué et très impatient je l’attends de pied ferme, car ça fait longtemps que j’attends ça. Déjà un concert et en plus du rock ! J’embarque alors avec lui à l’arrière d’un pick-up et sur le chemin, je fais connaissance avec un rasta qui a visiblement passé son après-midi à se préparer à la soirée. On arrive alors chez “Berthe”, un nom plutôt étonnant pour une salle de concert rock. J’apprendrai plus tard que ce bar est tenu par des expats, mais très apprécié des habitants de la capitale. On est d’abord accueilli par du bon vieux morceau de reggae, avant les premières parties qui s’enchainent. Juste guitare et voix, étonnement accompagnés par une batterie.

Le premier groupe se met alors en place, avec une magnifique Gibson “Flying V” tout droit sortie des années 80, pour mettre l’eau à la bouche. Ma vieille curiosité de ratisser la scène de mes yeux pour voir le matériel refait aussi surface. Le groupe est originaire d’ici et les membres sont clairement rock’n’roll, dans leur dégaine et leur attitude. Ce qui est plutôt étonnant, après avoir vu l’importance de l’influence du rap américain sur le continent. Mais à eux seuls ils prouvent que cette culture n’est pas indétronable ! Ils commencent un premier morceau sympa, sans se démarquer plus que ça d’un groupe de rock très classique. Mais le suivant est inoubliable. Dès le premier accord, toute la foule reconnait le morceau et crie pour encourager le groupe. Mais ils n’en ont pas besoin tellement ils y mettent leurs tripes. Sincèrement, c’est la version de “Smells like teens spirit” la plus grunge et fidèle à son esprit originel qu’il m’a été donnée d’entendre. Le chanteur hurle le refrain, bourrine ses cordes, puis se languit lors des couplets baveux à souhait. Si leur manque de technique était visible sur le premier morceau, il se transforme en un magnifique avantage sur celui-là. Le matériel rudimentaire colle aussi parfaitement à l’ambiance et à l’esprit grunge: aucune pédale, un accordage approximatif et des amplis poussés à fond pour obtenir une saturation des plus sales possible! Et ils sautent, s’égosient devant un public aussi transporté que surpris par ce qui se passe sous leurs yeux. Du grunge, du vrai, au milieu de l’Afrique. Dingue.

Le reste du concert est très bien, mais impossible de recréer ce qui s’est passé sur l’hymne de Nirvana. Le dernier groupe est composé d’expatriés qui enseignent dans l’école internationale de la capitale. Cette fois c’est plus métal, mais aussi plus approximatif. De plus, la “violence” des morceaux ne plait pas au public, qui semble plutôt surpris par ses blancs surexcités. Leurs regards interrogatifs expriment parfaitement leur incompréhension.

Nous ne resteront pas beaucoup plus longtemps, de plus qu’on nous propose un lift jusqu’à l’hôtel. Le départ était prévu pour le lendemain, mais les autres personnes qui devaient se joindre à nous pour le voyage on demandé de retarder le départ d’une journée. Aucun soucis pour nous, de plus que cela nous permet de célébrer la saint Patrick en se rendant au zoo/espace de réhabilitation des animaux de la ville. Au son des mélodies irlandaise qui s’échappent de l’animation pour les enfants venus au zoo, je verrai mon premier lion de ce périple africain. Il est vieux et mal en point. Il me fait penser au morceau écouté le soir précédant, mais je crois que mon esprit me joue des tours.

Magie noir et victoire 

Magie noir et victoire 

En arrivant à Lusaka, j’ai réalisé que la finale de la coupe d’Afrique des Nations des moins de 20 ans avait bientôt lieu, ici même! En apprenant cela, je me mets à la recherche d’un billet. L’employé de l’auberge m’aide à m’en procurer un grâce à l’un de ces amis, car la billetterie a été rapidement dévalisée, l’équipe du pays étant qualifiée pour la finale.
On m’a conseillé de m’y rendre tôt, car la fête s’annonce grande et la bataille pour les places rude. Avant de me mettre en route, je discute longtemps avec un vieux fermier afrikaner, qui m’annonce avoir trouver un remède microbien comme alternative aux les pesticides agricoles. Il m’annonce être sur le point de révolutionner l’agriculture. Pas sur que Syngenta et les autres entreprises leader dans la région ne l’entendent de cette oreille.

Je pars ensuite à pied depuis le centre ville pour me rendre au stade. Plus je m’approche, plus le nombre de maillots verts augmentent. Mais je m’attendais tout de même à plus d’engouement. Un ou deux petits garçons me suivent quelques mètres, devinant ma destination. Ils me demandent, les yeux pleins d’espoirs, que je les emmène avec moi. Malheureusement c’est impossible, les prix flambent au marché noir et je ne peux pas me le permettre. J’arrive alors au pied du « National Heroes Stadium », nommé en l’honneur de l’équipe de Zambie victime d’un crash d’avion en 1993. L’enceinte est flambant neuve et clinquante, offert par la Chine pour ses proches partenaires commerciaux. Des vendeurs en tous genres profitent de l’occasion pour faire marcher les affaires. J’hésite à acheter un maillot. Si la Zambie gagne, j’en prendrais un en revenant.

La sécurité est basique mais plutôt bien organisée étonnement. Le stade est magnifique. Orange depuis l’extérieur, à l’intérieur les tribunes sont bleu et rouge. Tout est prêt pour accueillir les 60’000 personnes attendues. Même si le stade est presque vide à mon arrivé, il se rempli doucement et cela se remarque au volume sonore, porté par les vuvuzelas.

Après la petite cérémonie d’ouverture, la petite finale se prépare à avoir lieu, opposant l’Afrique du Sud à la Guinée.
Lorsque ce match sans grand enjeu se termine, le stade se rempli vraiment. Même s’il était acquis à l’Afrique du Sud pour le premier match, elle s’est inclinée 2-1. Le niveau m’a paru relativement faible, peut-être l’enjeu n’était pas suffisant pour galvaniser les jeunes joueurs. À noter quand même la présence d’une fanfare lors du premier acte de cette journée pour animer cette première rencontre. Les africains savent faire la fête, même avec si le cymbaliste n’est absolument pas à son affaire. Mais, la bière semble faire partie intégrante de la fête.
Lorsque les finalistes arrivent sur le terrain, le stade est plein à craquer. Les locaux entrent sous des applaudissements tonitruants, alors que les gens hurlent et tapent sur les sièges de manière à faire vibrer toute la structure flambant neuve du stade. J’ai rarement vu autant d’ambiance, et sincèrement ça prends au tripes. Je m’attends à plus encore pour la suite, surtout si les jeunes zambiens remportent la compétition. La pression sur ces jeunes de 19 ans doit être énorme et folle à vivre.
La première mi-temps se termine sur un score de 2-0 pour les locaux! Le Sénégal avait l’air sur de lui, mais les 60’000 voix qui hurlent dès que quelque chose se passe sur le terrain semblent donner des ailes aux zambiens. Même si les buts sont plutôt roublards, c’est eu qui ont le plus d’envie de victoire. Avec une aile gauche en feu et un numéro 11, lumineux, qui marque le second but de la rencontre. Le stade à littéralement explosé lors du premier but et tout mes voisins parient déjà sur un 4-0… À voir, car avec le début de match du Sénégal, ce n’est pas sur si ils se ressaisissent. Ils ont l’air encore capables de retourner la situation.

Un autre élément qui m’a grandement étonné est l’importance qu’a pris le président zambien au début de la rencontre. Je suis d’accord sur le fait qu’on puisse encourager ses joueurs mais pas à 3 minutes de l’envoi et surtout sans avoir un tapis rouge déployé à la sortie des vestiaires. Mais l’Afrique semble trouver ça normal et même l’encourager.
Lors de la seconde mi-temps, un énorme scandale sur le terrain mais aussi dans les tribunes éclate. La raison ; tout le monde est persuadé que les sénégalais utilisent des gris-gris (Djoudjou ici). Le public fait semblant de leur lancer des sorts, mais certains préfèrent jeter des vraies bouteilles et tout ce qui leur passe sous la main. Mais pas leurs vuvuzelas malheureusement. Tout le stade est scandalisé, choqué par ces actes de sorcellerie. Étonnant. Tout le monde se prétend pourtant chrétiens, et ne devrait alors pas croire en ce genre de pratiques. Mais les choses sont plus compliquées en Afrique.       ( https://www.youtube.com/watch?v=7X_dVRGPTmo ).
Le score ne bougera finalement pas, malgré un Sénégal dominateur. La Zambie joue en contre et reste tout de même dangereuse. Mon seul reproche est un reproche d’ordre moral, éthique. La Zambie ne joue plus à la fin du match et les joueurs passent leurs temps au sol, faisant même parfois venir la civière. Mais bon, quand même la finale de la vraie CAN voit se passer des scènes pareilles, ce comportement est compréhensible. Il est étonnant de noter qu’au début et à la fin de la rencontre, les joueurs ont prié, un genou au sol, tous ensemble. Encore un aspect étonnant.

Le public quand à lui est beau lorsqu’il fête, mais triste lorsqu’il siffle et hue les adversaires, qui plus est les perdant du jour. Il est dur d’être impartial mais quand autant de gens sifflent, ça devient presque triste.
Mais la fête est incroyable! À la sortie du stade c’est l’anarchie. Tout le monde danse, chante, klaxonne. En voyant l’embouteillage qui immobilise la ville, je décide de rentrer à pied, comme les gens d’ici. On me regarde avec l’air incrédule mais on m’accueille très bien dans ce flot humain. On me tape dans la main, m’invite à faire la fête.

Le pays se dit chrétien, mais je pense que la religion générale est, comme à beaucoup d’endroits, celle du ballon. En tout cas la fête est toujours belle, que ce soit à la prison centrale de Bukavu, dans un champs pentu, dans le désert, dans un quartier défavorisé d’Istanbul ou dans un des plus beau stade d’Afrique. Le foot est universel et omniprésent. C’est un fil rouge qui me suis tout au long de ce voyage. Son apogée se découvre ici, dans la victoire et la fierté.

La ceinture de cuivre

Depuis mon arrivée dans le Copperbelt, je me demande où on peut trouver le fruit de la croissance. Après un voyage plus long que prévu dans le « bush » zambien, je prends mes quartiers dans une « guest house » pourrie à la périphérie de la ville de Ndola. La pauvreté est omniprésente alors que la ville qui constitue le centre économique du pays. Mais j’aurais dû m’y attendre. Des mines et du travail ne riment pas avec une situation hors du commun, dans un pays où le taux de chômage avoisine les 60%. La présence massive d’entreprises chinoises n’est pas là pour améliorer les choses.

Je passe mon premier jour à récupérer de mon dur trajet jusqu’ici. Les seuls signes de l’économie florissante de la région sont le petit centre commercial dans lequel je me rends, les camions qui pourrissent l’atmosphère à côté de mon gîte et les avions flanqués de drapeaux sud-africains qui n’arrêtent pas d’atterrir sur le tarmac avoisinant. Je discute un peu avec les autres personnes présentent à l’hôtel. Mais le moment fort de la journée restera le match inoubliable de « Champions League » entre le Barça et le PSG. Match que j’ai dû regarder sur mon téléphone, car les alentours de mon hôtel durant la nuit ne sont pas très accueillants ni sécurisants.

Le lendemain, je me mets en marche pour la ville, peut être contrera-t-elle mes premières impressions. Le chemin est long, je suis à plus de trois kilomètres du centre-ville. À mi-chemin, j’aperçois un golf qui ne semble ne rien avoir à faire à deux pas d’une banlieue misérable. La saison des pluies a fait déborder le cours d’eau voisin. Je suis accueilli en ville par un grand centre commercial d’une enseigne Sud-africaine. En marchant sur une longue allée rectiligne, je commence à remarquer la proximité qu’a pu avoir ce pays avec les régimes socialistes. Les bâtiments sont grands et carrés, avec quelques étages. Le centre-ville est constitué de deux longues allées parallèles, autour desquelles s’agglutinent de petites maisons. Le gare marque la fin de ces deux artères poussiéreuses. Elle relie la ville aux autres lieux importants de l’industrie minière. J’apprends aussi la ligne de train mythique « TAZARA », qui relie la Zambie (le Copperbelt) à Dar es Salaam, a été presque complétement financée par les régimes socialistes. La guerre froide et la guerre des ressources n’a aucunement épargné l’Afrique et lors de l’indépendance de ces deux pays, la Chine et l’Union soviétique se sont précipités pour lier des liens avec les indépendantistes à tendance socialistes. La Zambie n’avait aucun accès à la mer et cette ligne ferroviaire la relie alors directement à l’océan Indien, en passant par un pays allié politiquement. Les anglais et portugais ayant gardé plus longtemps leurs possessions australes, ces deux acteurs ne sont pas à négliger dans la balance est/ouest.

Je cherche alors le seul musée de la ville, documentant la région du Copperbelt. Juste derrière la Banque Nationale, qui à elle seule permettrait de renommer la ville en « Ndolagrad », je trouve alors mon but. Derrière une petite vitre défraichie, je passe au guichet. La dame se lève ensuite pour m’accompagner à l’entrée et me montrer les salles. Aux vues de cette initiative, je m’attends donc à pénétrer dans un musée bien entretenu. Je me trompe une fois de plus. Deux salles le compose, une sur la culture ancestrale du pays, qui n’est absolument pas précise puisque le pays compte plus de 70 groupes ethniques, l’autre concerne l’activité minière du pays, très mal documentée et surtout relevant des informations particulièrement pointues à côté d’autres insignifiantes. J’ai failli oublier de vous parler de la salle contenant des jouets en fils de fers, qui sert à prouver l’ingéniosité des artistes locaux. Je retiendrai en sortant que le pays est le neuvième plus grand producteur de cuivre du monde, mais aussi l’exportateur d’une myriade de pierres précieuses et d’un peu d’or. J’ai aussi été marqué par le fait que ces matières premières sont achetées à un prix préférentiel par la Chine. Je comprends mieux pourquoi tous les mandats que j’ai pu voir sur les routes où les bâtiments sont donnés à des firmes chinoises. En échange de projets de développement, ils peuvent acheter et même extraire une partie cuivre nécessaire à leurs activités économiques. Cet exemple zambien ne fait que refléter la réalité africaine actuelle.

On sortant, je me ballade encore dans la ville, qui ne se démarque pas vraiment des autres villes africaines, en dehors d’une architecture un peu différentes et d’un grand nombre de bureau d’entreprises. Je suis alors surpris par la pluie, une des plus forte de mon séjour africain. Je me réfugie alors dans un centre commercial et découvre ce que la rue ne montre pas. Ici se rencontre une partie de la classe moyenne et supérieure, ainsi que les nombreux expatriés de la région. Ceux à qui l’économie profite, en somme. C’est quelque chose d’assez nouveau pour moi, qui ne suis pas particulièrement friand des après-midis au centre commercial. Mais ce passage à le mérite de me montrer ce que je m’attendais à voir en plus grande quantité : un niveau de vie plus élevé de par l’activité économique. Dans cette enceinte qui aurait très bien pu se trouver en Europe où en Amérique, je me rends compte que les ressources peuvent aussi profiter à une partie de la population, infime mais existante.

Mais lorsque j’en sors pour aller à mon hôtel, je retombe dans la banlieue détrempée par la pluie, coulante de crasse et de déchets. Ces gens sont ceux des campagnes, qui ne savent pas lire ou écrire. Ceux qui sont venus ici dans l’espoir d’atteindre ce que je viens d’observer, en travaillant dans une mine pour un salaire de misère. La Chine, par exemple, importe ces conditions de travail : revenu à la journée, horaires horriblement longs. Emile Zola ne serait pas en manque de matière ici, si il avait la volonté d’écrire la suite d’un de ces plus important roman. Le géant asiatique exploite les ressources et la main d’œuvre.Alors je vois que même si certains vivent plus que correctement du cuivre, la majorité doit toujours se serrer la ceinture.

Galerie Tanzanie 

Galerie Tanzanie 

Singida, pleine de flamands roses et de surprises

Le mont Meru au petit matin depuis Arusha

Le marché de Moshi

Tanga et le mélange des cultures

Dar es Salaam depuis le bateau pour Zanzibar

Petite plage à Stone Town, Zanzibar

Un dhow de l’océan indien

Ruelle de Stone Town

Couché de soleil sur l’océan indien

Un dos devant l’océan indien

Le vieux train de prépare à quitter Dar es Salaam

Govola, dix-sept ans après avoir accueilli mon père au même endroit

Voilà le tête du plus ferry du monde, le MV Liemba

Couché de soleil sur le lac Tanganyika

Bonus safari: 

Mode touriste activé !
Trouvez l’autruche
Il est reparti avec un sandwich, petit voleur
La vallée de Tarangire, où tous les animaux se retrouvent durant la saison sèche.
Qui ose me réveiller si tôt le matin alors que je campe ? En fait c’est bon j’ai rien dis!

Bonus amoureux à la plage

MV Liemba 

MV Liemba 

Dix jours après mon arrivée à Kigoma, je me prépare enfin à aller embarquer sur la raison de ma venue ici: Le MV Liemba, un vieux bateau qui a vécu bien des aventures. Malgré la longue attente, j’ai passé un magnifique séjour au bord du lac. Pour passer le temps et profiter des rives, je suis allé me réfugier quelques jours dans un camping, un peu plus loin. J’y ai rencontré de magnifiques personnes. J’ai aussi utilisé de vieux souvenirs pour cuisiner des poissons frais du lac. Comme quoi les parties de pêches au Tessin sont toujours utiles. Le mugebuka grillé à la braise est un vrai régal.

Je suis ensuite revenu dans cette ville, qui a plutôt l’air d’un grand village. Il m’est aussi difficile d’imaginer où pouvait bien rester les milliers, près d’un million, de réfugiés ayant fui les conflits burundais et congolais. Mais les voitures du HCR sont toujours là pour rappeler que les derniers conflits politiques au Burundi sont loin d’être terminés. Il reste tout de même un camp qui compte près de 100’000 personnes, près de la frontière. Est-ce que cette Afrique des Grands Lacs sera stable un jour ? Je l’espère.

Lorsque l’heure d’embarquer approche, on se rend au port avec Justin, un américain rencontré le soir d’avant. Nous ne sommes pas les seuls musungus, comme mon père l’avait été il y a dix-sept ans. Nous sommes une dizaine, mais je suis le seul à avoir acheté un ticket seconde classe. Après deux heures sous le soleil, nous sommes enfin autorisés à embarquer. Je laisse alors les autres blancs aller sur le pont alors que je rentre dans la cale, à la recherche de la cabine numéro 4. Un employé m’intercepte et me somme de me rendre dans une autre cabine. Un seul lit y est fait, j’en déduis que j’aurai la chance d’avoir une cabine privée pour le trajet. Je suis d’une part soulagé, car je n’aurai pas surveiller en permanence mes affaires, bien que partager une cabine est souvent un bon moyen de rencontrer des gens. Le pont fera l’affaire.

Le moteur se met alors à rugir. Je regarde Kigoma s’éloigner par le petit hublot. Le bruit et les vibrations du moteur sont impressionnantes. Je comprends à ce moment-là ce qu’est de voyager sur « le plus vieux ferry du monde ». Ce bateau à tout de même été amené ici par les allemands, lorsqu’ils s’étaient accaparés la région. Originellement appelé le « Von Götzen », il avait été amené en pièces détachées, par le train, mais aussi à dos d’homme, car la voie de chemin de fer n’était pas terminée. Il a aussi été utilisé pour combattre, c’était le seul vaisseau armé du lac lors de la première guerre mondiale. Lorsque les allemands perdaient du terrain dans la bataille pour le lac Tanganyika, il avait été coulé pour ne pas qu’il tombe aux mains des belges. Mais après le conflit, les nouveaux administrateurs britanniques de la région, l’ont retrouvé puis renfloué, pour en faire un ferry. Maintenant il m’emmène vers la Zambie, près de cent ans plus tard. Je vivrai quelques jours sur un pan d’histoire. Même s’il continue de voyager à perte, aucun profit n’étant généré, le gouvernement le maintient en fonction puisqu’il représente le seul moyen d’accès à la population des rives du lac. Il n’y a aucune route terrestre qui pourrait les apprivoiser et l’économie de la région dépend de cette vieille masse d’acier.

Le voyage commence magnifiquement, avec un couché de soleil discret mais très prenant. Je me poste à l’avant, à côté de l’ancre, en observant les autres passagers. Le bateau est presque vide, ce qui le rend difficilement reconnaissable en me référant aux photos prises par mon papa 17 ans plus tôt. Les marchandises ne sont pas vivantes cette fois, les ananas ont remplacés les poules et les chèvres. Je regarde aussi les autres blancs, qui sont tous posté à l’étage supérieur de la première classe. Malgré un prix presque trois fois inférieur à ceux des non-résidents, les passagers s’entassent dans une troisième classe sale et inconfortable. Je discute quelques instants avec mon ami américain et son compagnon de cabine. Ce dernier fait un voyage assez impressionnant : il a quitté Prague en septembre et à pour but de rejoindre le Cap, à vélo. Après quelques récits de voyages épiques, je vais me coucher au moment où le bateau fait son premier arrêt. En pleine nuit, les riverains arrivent sur des pirogues, pour embarquer, où réceptionner des marchandises. Le bras articulé dépose ce qui leurs sont réservés directement dans les barques, sur les flots. Il faut préciser que la Tanzanie n’a que deux ports sur le lac. Ce spectacle incroyable sera rejoué durant chacune des trente escales.

Les jours suivants se passeront au rythme des rencontres, des parties de cartes et de paysages magnifiques. Le Tanganyika est le lac des superlatifs : le plus long du monde, le second plus profond du monde (1200m), le second volume d’eau douce le plus grand du monde. Mais pour moi il est aussi le plus beau du monde. 

L’impression de troubler son calme est forte lorsque l’on fend sa surface cristalline. La nuit, les pirogues semble voler, car l’eau et l’air ne se différencient pas à la lumière d’une lampe torche.

Plus on avance, plus les rencontres se consolident. Les visages sont familiers, ils commencent aussi à s’ouvrir. Le couché de soleil du second soir sera un des plus beaux de ma vie. Le ciel s’est embrasé en même temps qu’il a enflammé l’eau.

Malgré le train de vieil sénateur allemand, nous arrivons après un jour et demi de voyage à Kasanga, l’autre port tanzanien du lac. C’est là que presque tous mes amis quittent le navire. Beaucoup d’entre eux se dirigerons ensuite vers le Malawi, où nos chemins pourraient, avec un peu de chance, se croiser à nouveau. Je continue alors en direction du terminus, avec quelques autres connaissances et des « businessmans », comprenez vendeurs d’ananas, jusqu’à Mpulungu. Ce magnifique voyage se termine déjà, je suis arrivé à l’autre bout du lac. Il est devenu très important pour moi , depuis que je l’ai observé pour la première fois, à Bujumbura. Je n’étais pas bien grand, mais déjà attiré par ce géant. Il ne me reste plus que la côte congolaise à explorer, celle que j’entrevoyais depuis le pont avant du bateau. Et explorer est un bien grand mot, je n’ai fait que regarder la partie tanzanienne. Mais ce spectacle était déjà magnifique.

Après avoir attendu que le douanier répare son ordinateur (il l’a éteint et rallumé dix fois) j’obtiens finalement mon visa et me met en quête d’un endroit où passer ma première nuit zambienne. Je trouve finalement une « guest house » pourrie, avec une chambre infestée de punaise, mais ça fera l’affaire. Avant d’aller me coucher, je vais regarder encore une fois le lac. Ce soir il se déchaine car l’orage arrive. Mais les éclairs ne font pas le poids face au bruit du moteur qui m’a bercé ces derniers jours.

Un rêve de gosse 

Un rêve de gosse 

Je me souviens d’un jour, où pas bien grand, j’étais tombé malade lors d’un camp organisé par mon école. J’étais tellement mal que la maitresse avait appelé mes parents pour qu’ils viennent me chercher. Mon père était alors venu. Sur la route qui me ramenait à la maison, je ne sais pas comment, mais on avait abordé le sujet de son voyage en Afrique. Ce jour-là, mon imagination s’était laissée bercer par des histoires de voyages en bateau sur un lac immense, d’explorateur, de singes et de crocodiles et d’un vieux train. Je crois que c’était la première fois que je m’intéressais vraiment au voyage qu’il avait réalisé avec son journal, pour marquer le passage à un nouveau millénaire. C’est, à mon souvenir, la première fois que l’Afrique me faisait rêver, en dehors du Roi Lion évidemment.

Depuis quelques jours, je voyage dans l’environnement de ce rêve. D’abord dans le vieux train colonial qui me permettra de relier Dar es Salaam et Kigoma. Vieux est un petit mot pour décrire cette antiquité. Bien qu’il ne fonctionne plus au charbon, comme à l’époque de sa construction par les allemands, et les dernières technologies qui y sont embarquées datent des années 70. Lorsque j’ai réservé mon billet, j’ai demandé quand est-ce que nous allions arriver à destination. La réponse fut aussi vague qu’étonnante : Dimanche. Ici, un voyage est une activité à part entière, incertaine. On ne prévoit rien d’autre que le voyage. Je commence à m’y faire. Le départ est prévu vendredi après-midi. Je rejoins alors mon wagon de seconde classe. Il est équipé de six couchettes, qui peuvent se transformer en siège durant la journée. Je voyage avec un vieil homme nommé Johnatan, qui a de la peine à se déplacer à cause de son âge. Il parle bien anglais et la conversation est agréable. Le train se met alors en route pour l’extrême Ouest du pays, à 1200 km d’ici. Lors du départ, tout le monde passe la tête par la fenêtre, qui ont presque toutes été remplacer par des planches de bois. Doucement, nous nous éloignons des tours de la ville portuaire.

Le train avance à un rythme de sénateur. En discutant avec un des employés de la compagnie, j’apprends que sa vitesse de pointe est de cinquantes kilomètres par heure. À cause de la voie très vieille ainsi que du mauvais entretien des rails. D’ailleurs, il tangue davantage que le bateau qui nous amené à Zanzibar, Alex et moi. On s’arrête régulièrement dans des hameaux décrépis. J’apprends leurs noms en dépassant les vieux bâtiments coloniaux qui servent de gares. La première nuit est calme, malgré les secousses.

Johnatan me réveille au petit matin, car nous arrivons à Dodoma. Une capitale aux airs de villages. Tout est à taille humaine et parait accueillant. Sur le chemin du prochain aiguillage qui fonctionne encore, nous traversons la savane. Ce paysage contraste avec la côte, et l’air y est bien plus frais. Je respire enfin, après la fournaise. Dans un des hameaux, le train reste plus longtemps et les habitants semblent au courant, car tous sont aux bords des voies. Ils préparent à manger pour les voyageurs afin de tirer un petit avantage de ce train. D’autres villages vendent du miel, du lait ou ce qui se fait dans les alentours. A Tabora, le train se sépare. Une partie ira jusqu’à Mwanza, sur les rives du lac Victoria. Je reste dans celle qui continue à Kigoma, et le lac Tanganyika. La seconde nuit se passe aussi calmement que la première. Je suis à nouveau réveillé par Johnatan qui me dit de préparer mes affaires, car nous sommes presque arrivés. Mais je reste accroché à la fenêtre du couloir, d’où j’aperçois le lac Tanganyika. J’attendais ce moment depuis plus de sept ans. Lorsque tout le monde est sorti, je prends mes affaires et me met à la recherche de mon hôtel.

Je fais à Kigoma la connaissance de deux Belges, avec qui je passerai mes premières journées. Ils se rendent au Burundi d’où leurs vols retour partira. Lorsqu’ils s’en vont, je commence à préparer la suite de mon voyage.

Mon père m’avait parlé d’un vieux bateau, je dois vérifier s’il est toujours en service. Il est très connu dans la région et j’apprends vite qu’il est encore à flot. Je trouve alors le guichet et j’apprends qu’il partira mercredi de la semaine suivante. Bien que cela implique pour moi de séjourner longtemps dans les envions, j’avoue ne pas être déçu car je me sens bien ici.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller visiter le musée du Dr.Livingstone que j’avais vu sur ma carte. Mon père m’avait dit que cet endroit valait le détour. Je prends alors une moto, jusqu’à Ujiji. Je marche ensuite jusqu’au fameux musée, pour être accueilli par un vieil homme, et la suite se passe exactement comme mon père l’avait écrit il y a dix-sept ans. (Article à la fin de la page).

Govola est toujours le gardien et guide du lieu. Il fait toujours assoir ces visiteurs sur les trois mêmes bancs en pierre, sous les manguiers, issus des boutures de ceux qui ont vu Stanley retrouver le missionnaire. Les statues de papier maché tendent toujours leurs chapeaux aux quelques visiteurs qui viennent leur rendre visite. Les tableaux sur les murs ont toutefois été agrémentés des quelques informations concernant la traite des esclaves en partance de ce village et les objets de la culture traditionnelle de la région.

Lorsque je sors du musée, je me dirige vers la plage. L’horizon est si interminable si bien qu’on ne peut pas apercevoir la rive opposée. Quelques pêcheurs viennent à ma rencontre. On échange avec les peu de mots que chacun connait, entrecoupés de grands éclats de rire. Lorsque je retourne vers la route principale, l’idée que mon père soit passé sur les mêmes chemins pavés il y a quelques années à quelque chose d’irréel. Entre une mosquée et une église, je me rends compte que j’ai fait le même trajet que Stanley, lors de sa quête pour trouver l’illustre explorateur et le trajet inverse de centaines d’hommes qui ont été déportés pour être vendus. Mais surtout, je remonte le chemin qu’à fait mon père il y a 17 ans. S’il ne m’avait pas ouvert le chemin, je ne serais assurément pas ou je suis maintenant. C’est cette aventure qui a surement été un élément essentielle de notre première venue familiale en Afrique, et indubitablement celle de ce voyage. En attendant de pouvoir monter dans le plus vieux ferry encore actif au monde, la région a encore beaucoup de rêves d’enfant à me faire découvrir.

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Voici l’article de mon père concernant le musée et Govola, le gardien. Je ne sais pas si j’ai le droit de le mettre ici mais je le fais.
Dix-sept ans plus tard

Il y a des jours… 

Il y a des jours… 

Il y a des jours où tu n’as envie de ne rien faire. La force te manque et tu restes cloitré dans une chambre d’hôtel. La seule chose qui tourne rond est le ventilateur du plafond, réglé sur le mode hélicoptère à cause de la chaleur. Il y a des jours où tu te demandes ce que tu fous là, seul, alors que ta chérie est rentrée quelques jours plus tôt. Tu cherches quelques informations, entre deux siestes, tu sors pour te donner bonne conscience. Il y a même des jours où tu te demandes ce que tu fous là, tout seul à Dar es Salaam. Presque à remettre en question le rêve que tu as la chance de vivre.

Et après ces jours comme ça, il y a un jour où tu ne sors que pour chercher à manger. Tu vas au resto que tu connais, bon et pas cher. Mais il est fermé, alors tu te mets en quête d’un autre tout aussi bon marché, car autant économiser un peu d’argent pour la suite. Tu trouves alors un indien qui ne paye pas de mine et tu feuillettes mollement la carte pleine de graisse. En attendant ton assiette, une famille arrive et est obligée de se séparer en deux groupes, car tu as pris la dernière table. Alors tu te lèves et tu leur propose ta place, comme ça ils peuvent au moins manger ensemble. Etonnés et reconnaissants, ils acceptent et tu t’assieds alors à la même table qu’un père et son fils. Après quelques regards amicaux, la conversation se lancent et tu remarques, malgré ton envie d’être tranquille, que tu peux l’être en discutant avec des inconnus. Chacun parle de sa vie, rien que nos différences culturelles sont intéressantes. Avec eux et leur ouverture, tu refais le monde. Le jeune garçon est très fier d’utiliser les quelques mots de français qu’il a appris à l’école. Eux te parlent de leur pays d’origine, l’Inde, moi de la neige suisse. Puis le petit, particulièrement curieux, me demande si le réchauffement climatique se fait aussi ressentir dans mon pays. Je lui explique rapidement les effets qu’on peut observer, tout en étant énormement admiratif de ce petit gars de 10 ans. Il n’y peut rien, mais il est très triste et coupable de penser qu’à cause des hommes, la terre et ses cycles sont en train de changer. Puis, dans la discussion, tu prends la serviette de la table pour inscrire ton adresse mail, et tu plies consciencieusement l’adresse inscrite sur l’autre serviette que le père me tend. Avant de terminer le repas, l’homme fait encore par de son inquiétude concernant le climat politique actuel. Il a peur de Trump, de ces idées, de ces déclarations. Il voudrait voir un monde ouvert, un monde où son fils pourra se considérer comme un citoyen du monde. Cette phrase il l’a dit, l’œil brillant et le regard fier. Ne t’inquiètes pas Debdas, ton fils est sur la bonne voie. Au moment de se quitter, il se dirige alors pour régler l’addition et est étonné que j’ai déjà payé mon plat. Il me dit qu’il aurait voulu me l’offrir. Touché, je le remercie, mais surtout pour cette rencontre, dans ce resto qui paye pas de mine.

Il y a des jours où tu remercies le hasard, de tout ce qu’il a mis sur ton chemin, pour arriver à des moments comme celui-là. Tu te dis peut-être que t’avais besoin de rien faire, digérer les derniers événements, te remettre dans le bain. Il y a des jours où quand tu en as le plus besoin, il arrive quelque chose pour te rappeler ce que tu fous ici et la chance que tu as. Il y a des jours où tu te dis que ce n’est pas arrivé pour rien.
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Il manque une partie du voyage, mais je n’ai pas encore écris le passage concernant Zanzibar. Il viendra plus tard et les publications vont continuer, j’essaye de rattraper mon retard comme je peux.

Juste encore à noter, l’image est prise à une autre endroit, mais j’ai trouvé qu’elle allait très bien avec l’article. C’est le pont qui relie l’île de Mozambique avec le continent. C’est rare de le voir comme ça, car normalement le temps est magnifique ici.

Encore désolé pour ce retard et à bientot !

Thib

Et au loin, il y a l’océan 

Et au loin, il y a l’océan 

Après notre super escale à Moshi, il est temps de nous diriger vers la station de bus. Nous partons pour Tanga, une petite ville au bord de l’océan indien, au nord de Dar Es Salaam. Nous attendons notre bus pendant plus d’une heure et demie avant de pouvoir embarquer. Durant le trajet, nous observons les paysages changer. À l’approche de l’océan, la végétation devient plus luxuriante, les palmiers sont de plus en plus nombreux et la végétation beaucoup plus verte. Nous sommes tout excités et nous réjouissons d’arriver à destination : ce sera la toute première fois que nous verrons l’océan indien. Après quelques arrêt et un changement de pneu, notre bus arrive à Tanga. Nous cherchons notre hôtel qui s’avère être un magnifique bâtiment colonial, certes aujourd’hui plutôt décrépi, mais à quelques pas de l’océan. Les plafonds, hauts de plus de 3 mètres, les pièces immenses, les moulures et les boiseries nous plongent dans la période coloniale, ou rien n’était trop beau ou trop grand pour les colons. Mais le peu d’entretien de cette bâtisse, sûrement faute de moyens, la transforme en ombre d’un passé encore bien présent dans cette ville qui fut utilisée or les allemands comme capitale de leur « Afrique Orientale ».

Le lendemain, nous décidons d’aller nous promener dans la ville. Contrairement à ce à quoi nous nous attendions, il s’agit plutôt d’un grand village dans lequel de nombreuses petites échoppes se font face. L’ambiance des rues est très agréable, très tranquille en fait. Bien que ce ne soit pas une ville très touristique, nous ne sommes que très peu sollicités par les marchands et de nombreuses personnes nous saluent. Beaucoup de gens se déplacent à vélos ce qui donne à la ville un air de station balnéaire.

Nous sommes aussi frappé par l’architecture de la ville. Tel un patchwork, il est possible de voir, dans la même rue, un temple hindou, une école coranique et un dispensaire chrétien. De nombreux bâtiments coloniaux tombant en ruinent bordent les avenues, entourés de petites baraques en tôle construites récemment. Cette diversité se retrouve aussi au sein des habitants. De nombreux indiens vivent ici, certaines femmes portent le voile, d’autre non, des hommes portent le bonnet musulman, alors que des croix et des chapelets sont accrochés au rétroviseur de la voiture de certains. Tout le monde se salue, se respecte. Aucune animosité n’est palpable, le tolérance et le respect semblant être la norme ici.

Après notre promenade citadine et un repas bien mérité, nous allons marcher sur les rives de l’océan. Après avoir traversé un marche au poisson, simplement constitué de tables en bois sur lesquelles reposait la pêche du jour, nous arrivons au bord de l’eau. Les petits bateaux de pêcheurs dansent au gré des vagues dans cet océan bleu profond parsemé de déchets. Nous trouvons un banc de fortune sur lequel nous nous asseyons et contemplons le paysage. Le moment est magique et très émouvant.

Nous repartons en direction de notre hôtel, des images plein la tête et le coeur confiant. Cette belle expérience à Tanga touche à sa fin. La sérénité et le calme que nous y avons trouvés nous aideront sûrement à affronter notre prochaine destination dont on nous a déjà beaucoup parlée : Dar es Salaam!

Écrit par Alex’