A la rencontre de la bienveillance

Après une magnifique nuit sous les étoiles, je me réveille dans une cour vide. Tout le monde est parti très tôt ce matin en direction d’Assouan ou de Khartoum. Je remarque aussi que Claudio est en pleine discussion avec un homme très barbu, de type européen. Je m’approche, curieux, et fait la rencontre de Pavel, un jeune tchèque, voyageur lui aussi. Il a tout quitté à l’âge de 28 ans, pour réaliser un projet un peu fou : voyager partout en auto-stop. Il est tout d’abord parti vers l’Est jusqu’en Iran, pour ensuite descendre en direction des pays du Golfe et l’Egypte ou il a séjourné quelque temps. Il y est resté finalement un an et a réalisé des documentaires sur quelques sujets. Il a récemment décidé de continuer en direction du Sud, avec une projet assez abracadabrant : traverser le Soudan sans un sou. Il n’a avec lui que cent dollars qui lui serviront à payer son visa d’entrée en Ethiopie. Pavel aime bien se relever des défis peu communs, parfois même plutôt inconscients. Il a essayé d’entrer en Iran sans passeport, et de dormir sans tente dans des réserves naturelles. Cette dernière expérience lui a valu d’être arrêté par un hélicoptère de l’armée. Mais ces expériences n’ont pas l’air de réfréner ses ardeurs, au contraire. Il tient un blog et est suivi par beaucoup de gens. Je pense qu’il tente de vivre les histoires les plus folles possibles pour tenir son public en alerte. Et il écrit tout, absolument tout ce qu’il vit sur internet. Il m’a aussi avoué, qu’un de ses buts était de devenir célèbre. Il fait tout ce qu’il est possible pour se faire un nom dans le monde des voyageurs-bloggeurs. Personnellement, cette manière de se mettre en scène et de rendre public chaque instant de sa vie me rappelle le concept de la télé-réalité, avec une thématique toutefois plus profonde que ce à quoi on pourrait s’attendre. Mais toujours sur le principe de montrer chaque instant de sa vie aux autres. C’est une manière de faire, un choix personnel. Si vous voulez jeter un coup d’œil, vous pouvez trouver son site ici : http://www.paveladventurer.com/ (Disponible seulement en tchèque et en anglais…)
Après quelques minutes de discussion nous allons manger tous ensemble de magnifiques fruits de la région. Nous passons notre journée à partager nos expériences et nos histoires folles vécues tout au long de notre route. La compagnie des voyageurs fait vraiment rêver. Je pars aussi quelques instants pour prendre mon ticket de bus, car le lendemain, je voudrais me rendre à Khartoum. Les gens dans la rue sont tous prêts à m’aider, m’indiquent le chemin ou encore la meilleure compagnie de bus. Apres avoir trouvé le guichet et obtenu mon billet, je retrouve Claudio avec comme mission de trouver un endroit où il est possible de regarder la ligue des Champions. Mais nos recherches restent vaines, et de tout de façon le match commence à onze heures locale, une heure où tout le monde est rentré, les cafés fermés et la ville endormie. Alors nous passons la soirée à parler, à échanger et se faire rêver les uns les autres. Mon bus étant prévu très tôt le matin, je passe la nuit debout avec Pavel, c’est vraiment un gars bien.
Je repars alors seul, mon sac sur le dos. A peine arrivé vers le bus, je remarque un homme qui dors sur un lit en métal, similaire à celui que j’avais dans la Lokanda. La jeune femme qui prépare le thé le réveil à grand cris. « Rallas, Rallas ! ». Je comprends vite qu’il s’agit de mon chauffeur qui se lève dix minutes avant le départ prévu du bus. Je le perds de vue lorsqu’un homme souriant s’approche de moi pour me demander la raison de ma présence ici. Je lui dis que je compte me rendre à Khartoum. Il m’annonce que lui aussi et m’offre un thé. Nous commençons alors à discuter avec les gens qui attendent le bus. Beaucoup sont intrigués par ma présence, mais ils semblent apprécier le moment. Le bus tente alors une manœuvre pour se frayer un chemin vers la sortie du champ qui sert de parking, et on part. Avec l’heure de retard traditionnelle de l’Afrique. Le crépuscule arrive et nous empruntons une petite route qui semble se perdre dans le désert. Je suis prêt à avaler les milles kilomètres de la journée.
A chaque pause, mon ami, dont le siège est situé de l’autre côté du bus, vient me voir et m’explique ce qu’il se passe. Mi-arabe, mi-anglais, je comprends au moins le minimum. Il me partage aussi son repas, fait de foul comme pour la plupart des gens qui voyagent avec nous. Un des moments qui m’a le plus marqué durant le trajet est la pause pipi au milieu du désert. La chaleur était tellement insoutenable que j’ai décidé de rentrer dans le bus sans réaliser le but de la pause. La température extérieure était d’environ quarante-cinq degrés, m’a affirmé mon voisin de siège. Et nous repartons, au rythme de la musique entrainante du Soudan.
A notre arrivée à Khartoum, je retrouve mes sensations des villes africaines. La ville semble être construite sur un étage et un nombre incroyable de familles et de personnes sont entassées au même endroit. La banlieue d’Omdurman est très impressionnante. Je descends alors à Khartoum centre avec mon ami qui a pris soin de moi tout au long de notre périple. Sur le moment, je pense judicieux de rejoindre mon auberge de jeunesse à pied, qui n’est qu’à quatre kilomètres. Mais la foule, la distance et la chaleur sont insupportables. J’arrive avec peine à l’hôtel, pour trouver une réception vide et des gens qui y passe sans même me regarder. Après quarante-cinq minutes, je trouve le numéro du responsable, qui me répond de la pièce d’à côté. Il y a de la place et je peux prendre mes quartiers, dans un lit tellement vieux et démonté que le matelas pend dans le vide d’un côté. Un des japonais qui partage ma chambre m’est familier. Je l’ai aperçu à Assouan, dans l’hôtel de mon ami Yuki. Ils sont en route pour l’Ethiopie et ne sont là que pour obtenir un visa. Après une courte discussion, je m’effondre sur mon lit, dans la chaleur insupportable de la région. Malgré la fatigue, je suis conquis par cet endroit. Les gens sont simples, aidants et attentionnés. J’ai hâte de partir à leur rencontre et à la découverte de la ville, dans les jours qui arrivent. 

Une réflexion sur “A la rencontre de la bienveillance

  1. Bonjour je suis Valérie une amie de ta maman .. j aime lire tes récits .. cela le replonge 10 ans en arrière ou à 28 ans je voyageais comme toi entre le Mali et le Sénégal … étant une jeune fille je voyais l admiration des locaux de me voir seule et ils étaient si bienveillants parfois je me souviens c était pas facile car je devais jongler avec accepter l aide et rester méfiante car où qu’ on soit il peut y avoir des gens qui veulent tirer profit ou autre …. mais comme tu le vis lors des longs trajets c est touchant de voir la solidarité .la générosité et la complicité qui se crée petit à petit lors du voyage …. tu m as beaucoup fait rire avec ton histoire du lit et matelas trop court oui tout comme toi je me suis retrouvée dans de sacrés endroits tellement j allais au moins cher …. bonne aventure et profite en bien dommage que ton chemin ne passe pas par le Sénégal mon mari t aurait accueilli avec fierté . C est la ou ta maman était venue en mission ….. a très bientôt

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