Lorsque je quitte Bukavu, j’ai le ventre douloureux. Avec maman, on a surement mangé quelque chose qui n’est malheureusement pas passé. Mais j’ai aussi le ventre noué car je vais enfin voir, ma chérie. On s’est donné rendez-vous à Kigali pour nos retrouvailles. Maman et Dechi m’accompagnent à la frontière. L’adieu est touchant, et je suis très fier de ma maman, et je crois qu’elle l’est aussi de moi. Moi en tout cas, j’admire beaucoup tout ce qu’elle fait ici. L’envie, la force et la détermination qu’elle dégage ici est incroyable et je suis vraiment heureux d’avoir été à ses côtés quelques semaines. Elle reste ici encore quelques temps, pour lancer de nouveaux projets. J’espère pouvoir être à ses côtés plus tard, pour d’autres voyages là-bas. Assurément j’y serai depuis notre QG de Paul-Vouga.

On se quitte alors après une longue étreinte. Presque aussi forte que celle du jour où je l’attendais du côté de la frontière d’où elle me regarde m’éloigner. Merci maman pour cette expérience magnifique et encore merci à mes parents pour m’avoir donné cette passion de l’Afrique, il y a quelques années.

Le trajet jusqu’à Kigali me parait incroyablement long et très inconfortable. Comme le bus est plein, je dois tenir mes deux sacs entre les jambes, et sacrifier mon genou gauche. Mais le moment de retrouver ma chérie avance. Avec cette idée en tête, la douleur est bien plus supportable. En arrivant, je me rends à l’hôtel et m’accorde un petit plaisir occidental, un hamburger. Pour la dernière fois depuis mon départ, je me couche seul dans un lit trop grand. Juste avant d’aller dormir, je parviens à échanger quelques mots avec elle, qui s’apprête à prendre l’avion. J’essaye tant bien que mal de contenir son appréhension, et prie pour que tout se passe pour le mieux.

Très tôt, je reçois un message qui m’apprends son arrivée à Addis Abeba, la dernière escale. L’avion devrait être à l’heure, l’attente ne sera pas plus longue que prévu. Heureusement. Je m’assoupis encore quelques minutes puis au réveil, je pars en quête d’une première découverte à lui offrir. Les fruits de la région sont une merveille, je vais donc chercher mes préférés. J’ai l’impression que l’heure n’avance pas. Alors je tourne en rond et décide de déjà me rendre à l’aéroport, même si l’avion n’arrive que dans une heure. Le ventre noué, je tourne encore en rond, alors que les policiers et militaires de l’aéroport me regardent d’un œil amusé. Même si je suis persuadé que tout se passera bien, c’est tout de même la première fois qu’Alexandra sort d’Europe. De plus, l’Afrique n’est pas l’expérience la plus facile. Je me dit qu’il n’y a aucune raison que ce voyage ne se passe pas bien.

L’avion est là, alors je me poste à l’entrée. L’attente est toujours longue, mais comme je l’avais suspectée, elle est la première à sortir du terminal. Elle ne me voit pas au premier coup d’œil, alors je l’appelle. Puis on se prend dans les bras, comme on en rêve depuis mon départ. Je ne sais même pas combien de temps cela a pu durer, et je n’ai pas envie de savoir. Mais ce moment était magique. La force des retrouvailles. On est à nouveau ensemble. Irréel. Même au moment où nous décidons de rejoindre notre hôtel, nous n’avons pas encore réalisé de ce qu’il se passe. Mon ventre se délie à ce moment, et mon sourire ne se relâche pas un instant.

En s’approchant des taxis, Alex m’étonne déjà par son sens de la négociation. Mais le prix final est toujours trop cher pour nous, alors je propose un peu honteux de prendre une moto. J’espérais ne pas avoir à lui infliger ça après une nuit blanche et dix-huit heures de voyage. Mais son enthousiasme balaie vite ma culpabilité et l’aventure commence déjà. A notre arrivée, je crois que mes petites intentions lui ont fait plaisir.

Après de longs mois, on peut enfin se toucher, se parler sans téléphone, se voir sans écran. Il n’y a pas de coupure. On peut se retrouver et se redécouvrir. On peut penser les prochaines semaines en terme de nous. On va pouvoir se découvrir dans un contexte différent du quotidien. On est aussi prêt à partir découvrir une partie de ce continent, ensemble. Car ensemble on est plus forts. Le sentiment d’être incroyablement chanceux ne peut pas dépasser celui que j’ai ressenti lorsqu’on s’est retrouvé. Merci pour tout ma chérie, de me laisser vivre ce rêve, et d’avoir tout fait pour qu’on puisse le partager quelques temps. Je suis persuadé que ce sera inoubliable.

2 réflexions sur “Ensemble on est plus fort

Laisser un commentaire